Curriculum Vitae [PV Dimma Dökkhönd]

Il devait être dix heures du matin et les parfums de la nature embaumaient l'air de la forêt. Zoé, toujours des écouteurs sur les oreilles, gambadait gaiement, serrant une pochette contre elle. Mais aujourd'hui elle ne se promenait pas pour le plaisir mais pour le travail.
Pour preuve: son déguisement.
C'était l'un de ses préférés.
Un dose d'anesthésiant avait été injectée dans chacune de ses oreilles et dans sa queue, ce qui les rendait complétement inertes. Un serre-tête et une ceinture troués et bien placés laissaient penser que ses attributs animaliers n'étaient rien de plus qu'une fantaisie décorative. Comme si elle n'était qu'une Erian excentrique.
De chaque côté de sa tête, de fausses oreilles en latex étaient collées, plus vraies que nature. L'espionne ne pouvait qu'être heureuse que son maître ait le bon goût de s'entourer de tous les talents.
Elle porta une main à l'un de ses écouteurs pour s'assurer qu'il n'avait pas glissé. Même ce détail était travaillé, la coque en plastique lui donnant plus l'air d'un jouet pour enfant que d'un appareil électronique.
Zoé continua de chercher. Quelqu'un lui avait dit qu'on lui avait dit qu'il avait entendu dire que la Kabbale résidait ici. L'information n'était pas des plus directes mais aller vérifier sur le terrain faisait parti du métier.
Elle finirait bien par tomber sur le bon bâtiment. Il ne devait pas y en avoir tant que ça dans la forêt.
Ses yeux brillèrent d'un éclat mauve lorsqu'elle vit enfin ce qu'elle cherchait. Elle bondit de joie et accourut aussitôt vers l'entrée.

Dimma Dökkhönd était dans son bureau en train de boire une tasse de rooibos et de lire un livre passionnant sur les différentes techniques de torture et d'interrogatoire au travers du temps.

C'était un petit livret très instructif, et à quelques reprises, Dimma fut surpris d'y retrouver des méthodes qu'il avait lui-même inventées de son temps à l'armée. Apparemment, certaines personnes sans scrupules s'étaient accaparé ses idées. Décidément, il n'y avait aucune justice, dans ce monde.

Soudain, une sonnerie stridente retentit et une lumière rouge vint teindre les murs telle un phare cramoisi. Dimma demeura imperturbable, et continua à tourner tranquillement les pages, tout en avalant épisodiquement une ou deux gorgées de son breuvage favori.

Styrbjórn entra en catastrophe dans le bureau et l'interpella.

— Stjornandí !
— Qu'est-ce qu'il y a, Styr ? demanda calmement l'Elfe sans même lever les yeux.
— Eh bien, tu n'entends pas ? Quelqu'un est à l'entrée du repaire secret !
— Un repaire n'est secret que si on ne le trouve pas. Si quelqu'un l'a trouvé, c'est qu'il n'est pas secret.
— Oui, en effet, mais...
— Et puis si tu voulais qu'il reste secret, tu n'avais qu'à ne pas mettre des panneaux sur tous les deux arbres pour que le livreur de pizzas puisse trouver son chemin.
— Oui, aussi, mais...
— Sans parler de la fois où tu as contacté Google Maps pour...
— Oui bon ok ! J'avais tort !
— Clairement. Car la mise à jour des GPS, je ne l'ai même pas mentionnée.
— Tu vas me le rappeler encore longtemps ?
— J'ai l'éternité devant moi.

Dimma ferma son livre et le posa sur le bureau. Puis il se leva, et partit à la suite de Styrbjórn, en direction de la porte principale du repaire secret géolocalisable sur internet.

Une fois au niveau de ladite porte principale, devant laquelle s'était attroupée une douzaine d'hommes, Styrbjórn tapa le code d'ouverture, et deux panneaux coulissants en métal s'écartèrent pour laisser entrer la lumière éclatante du soleil.

Devant eux se dressait un jeune homme, ou une jeune fille, déguisé(e) en lapin/rat/renard/chat/ornithorynque/dauphin/lézard/autre animal à poils, et c'était déjà suffisamment incongru comme cela. Un petit chaperon cosplayé, à défaut de lui trouver un meilleur qualificatif.

Dimma, les poings sur les hanches, l'examina un instant. Puis il lui tourna le dos, et s'en retourna à l'intérieur de la base.

— Tuez-le.




Dima : #9933ff
Styrbjórn : #ff66ff

Zoé, qui avait affiché un grand sourire en rentrant, se trouva un peu déstabilisée face à tous ces gens. Toutefois elle ne se débina pas, gonflant le torse en apercevant celui qui devait être le chef, son informateur lui ayant cité qu'il était masqué.

— Tuez-le.

Cette phrase l'inquiéta nettement plus.

- Hum... La... bredouilla-t-elle. "Tuez-la"... Euh...

Sa queue et ses oreilles de panda roux, car oui c'était du panda roux pur poil et non un quelconque autre animal en lequel elle avait pris l'habitude de se travestir, auraient sûrement bougé dans tous les sens sous l'anxiété si elles n'avaient été "endormies".
La main un peu tremblante, elle ouvrit sa sacoche et en sortit une feuille. Tremblante mais rapide. Ce n'était pas vraiment le moment de traîner après un tel ordre.

- Bonjour... Je m'appelle Zoé et... Je suis venue apporter mon CV... On m'a dit que la Kabbale résidait ici... On dirait que oui donc comme j'ai pas trouvé de boîte postale ni rien à ce nom...

L'hybride, déguisée en Erian, avait une adorable petite bouille terrifiée. Seul détail qui pouvait trahir le fait qu'elle s'attendait un peu à ce genre d'accueil était que ses jambes ne tremblaient pas. Ou alors peut-être que quelque chose la rassurait.

- J'étais espionne durant la guerre... Il y a mes références dessus, tout ça... continua-t-elle.

D'instinct, Zoé jetait des petits regards alentours, comme pour s'assurer d'avoir toujours une issue.





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— Hum... La...

Dimma s'arrêta net.

— "Tuez-la"... Euh...

Il se retourna, et la dévisagea. Était-elle vraiment un simple chaperon cosplayé ? La jeune fille, parce qu'apparemment, c'en était une, toute tremblante, ouvrit fébrilement sa sacoche et en sortit une feuille.

— Bonjour... Je m'appelle Zoé et... Je suis venue apporter mon CV... On m'a dit que la Kabbale résidait ici... On dirait que oui donc comme j'ai pas trouvé de boîte postale ni rien à ce nom...

Dimma dut l'admettre : il ne se serait jamais attendu à quelque chose d'aussi inventif et stupide à la fois. En général, c'était lui qui recrutait directement sur le terrain. Et jamais il ne s'était attendu à ce qu'une gamine vienne déposer une demande d'emploi chez lui.

— J'étais espionne durant la guerre... Il y a mes références dessus, tout ça...

Dimma revint vers elle et lui arracha le CV des mains pour l'inspecter rapidement.

— Il va me falloir une lettre de motivation et une recommandation de votre ancien employeur. Je transmettrai votre candidature au bureau des candidatures spontanées. Notre DRH vous recontactera. Ne vous en faites pas, Monsieur Kurtzmann ne manque jamais à son devoir.

Il donna le CV à Styrbjórn, qui tremblait déjà à l’idée de devoir frapper à la porte de Monsieur Kurtzmann.

— En attendant, si vous le permettez, Mademoiselle… Zoé, je vais vous faire passer un premier entretien. Ne vous inquiétez pas, c’est juste pour apprendre à vous connaître. La véritable épreuve de force viendra quand vous aurez décroché un entretien avec Monsieur Kurtzmann… En attendant, suivez-moi je vous prie.

Ses hommes se ruèrent soudain sur Zoé. Ils la ligotèrent, la bâillonnèrent et lui bandèrent les yeux avant de l’emporter sur leurs épaules.

Ils la déposèrent quelques instants plus tard dans le bureau de Dimma, et la déligotèrent, la débâillonnèrent et lui débandèrent les yeux. Dimma entra juste après, et invita d’un geste la jeune fille à s’asseoir sur la chaise au centre de la pièce.

— Je vous en prie. Dites-moi tout sur vous. Nom, prénom, race, pouvoirs spéciaux, âge, avatar, description physique, description psychologique, histoire, le code du règlement, comme vous avez connu la Kabbale, s’il s’agit d’un double-compte, votre surnom ou prénom IRL, votre âge IRL, et éventuellement une ou plusieurs remarques.

— J'étais espionne durant la guerre... Il y a mes références dessus, tout ça...

Son vis-à-vis lui arracha son CV des mains. Elle couina mais porta aussitôt la petite plaie formée à ses lèvres, ne laissant pas voir le sang aux teintes mauves qui en sortait.

— Il va me falloir une lettre de motivation et une recommandation de votre ancien employeur. Je transmettrai votre candidature au bureau des candidatures spontanées. Notre DRH vous recontactera. Ne vous en faites pas, Monsieur Kurtzmann ne manque jamais à son devoir.

Si tout ce qu'il obtint de la part de l'hybride déguisée furent des bredouillements, elle retranscrivit mentalement le nom à son chef. Peut-être qu'il le connaissait ? Ou que c'était une sorte de code ? Sait-on jamais. De plus l'homme à qui il venait de confier la feuille semblait tout sauf rassuré. Zoé déglutit et, ne sentant plus le goût ferreux sur sa langue, cessa de suçoter sa blessure.

— En attendant, si vous le permettez, Mademoiselle… Zoé, je vais vous faire passer un premier entretien. Ne vous inquiétez pas, c’est juste pour apprendre à vous connaître. La véritable épreuve de force viendra quand vous aurez décroché un entretien avec Monsieur Kurtzmann… En attendant, suivez-moi je vous prie.

Elle n'eut pas le temps de faire un pas que les hommes se jetèrent sur elle. "Ne vous inquiétez pas"... Si tous ses sens n'avaient été en alerte, l'espionne aurait rit pour ça. Et aussi pour le "suivez-moi"... Mais dans ce cas, est-ce que "apprendre à vous connaître" n'était pas une façon détournée de parler de vivisection ?
Elle ne hurla pas uniquement à cause du bâillon qu'on lui mit juste à temps pour épargner les oreilles des personnes présentes. Ses yeux furent bandées avant qu'elle ne se retrouve saucissonnée et emportée. Si elle ne pouvait s'exprimer physiquement, Yvan ne rata rien de ses impressions et du même demander à l'un de ses serviteurs de lui apporter une aspirine.

"Calme-toi et essaie de te souvenir du chemin.", ordonna la voix de son maître dans les écouteurs.

Le volume était suffisamment haut pour qu'elle puisse l'entendre malgré le bruit ambiant, mais la coque en plastique rajoutée sur les écouteurs faisaient office d'insonorisation. Zoé s'efforça donc de respirer et de tenter de ressentir les directions vers laquelle on la trimballait. Mais elle avait beau s'y être entraîné, la spontanéité de tout cela ne lui permis que d'être certaine d'un virage à gauche. Le reste pouvait très bien être un effet "au cas où"... Puis ils avaient pu prendre des détours ! Des fois elle regrettait vraiment d'être aussi mauvaise en télépathie.

Après elle se retrouva, tout aussi soudainement, debout dans une pièce, à nouveau libre de ses sens et de ses mouvements. L'homme masqué était déjà là et lui indiqua la chaise au beau milieu de la salle.

— Je vous en prie.

Zoé s'en approcha et s'y assit, encore toute sonnée de ce petit "voyage". Ses jambes, qui ne tremblaient pas jusqu'à maintenant, ne se gênaient plus pour le faire. Elle jeta un rapide coup d’œil aux murs, à la recherche d'une fenêtre ou d'une porte ou simplement d'une gaine d'aération. Être petit et chétif n'avait pas que des inconvénients.

— Dites-moi tout sur vous. Nom, prénom, race, pouvoirs spéciaux, âge, avatar, description physique, description psychologique, histoire, le code du règlement, comme vous avez connu la Kabbale, s’il s’agit d’un double-compte, votre surnom ou prénom IRL, votre âge IRL, et éventuellement une ou plusieurs remarques.

L'espionne resta à le regarder, les yeux ronds. Elle fut tellement prise au dépourvu qu'elle en oublia sa crainte et tout ce qu'elle retransmit à son maître fut un "il se fout de ma glaïeul". L'un de ces nombreux codes qui n'étaient pas bien dur à déchiffrer.
Trente secondes étaient passées. C'était bien trop pour répondre. Elle n'attendit pas l'ordre de son chef et improvisa.

— Moskau Zoé. Erian... Je n'ai pas de pouvoir de télékinésie et je maîtrise très mal la télépathie, mais je suis très discrète et je n'ai jamais laissé une mission inaccomplie ! Je vais sur ma cent-unième année.

Ce nom était celui qu'elle avait utilisé sur son CV. Pareil pour l'âge et la race. Vu l'espérance de vie d'un Erian normal, elle avait été obligée de se rajeunir pour justifier son physique.

— Mon avatar sur la plupart des sites est une photo de panda-roux chibi qui vient du manga "Aka Panda". Description physique...

Elle se regarda, levant les pieds du sol pour les voir également.

— Je suis... Pas grande. Je crois que je fais dans les un mètre cinquante-cinq. J'ai la peau rouge tomette. Mais on m'a déjà dit qu'elle était senois ou feuille-morte. Mes cheveux sont bouton d'or orangé et mes yeux indigo.

Se perdre dans les détails était une très bonne façon de perdre la vigilance de l'interlocuteur. Surtout les mâles. Elle ne savait pas d'où ça venait mais avait plus de cinquante pour-cent de réussite. Ça ne coûtait rien d'essayer.

— Description psychologique: j'aime les animaux, surtout les panda-roux, je suis assez sportive et pas trop bête. J'aime mon travail et je le fais bien ! Histoire: j'ai perdu mes parents pendant la guerre alors il a bien fallut gagner ma vie... Depuis je ne fais qu'espionne.Ou d'autres petits boulots quand j'ai vraiment rien, mais ça me manque un vrai travail. Un bon ami à moi, m'a dit qu'un gars qu'il connaît connaissait un gars qui connaissait un gars qui avait discuté avec l'un de vos employé. C'est comme ça que j'ai connu la Kabbale. Je n'utilise jamais de double-compte. Trop de risque de se faire prendre !

Elle prit un instant pour se souvenir de la fin de la question.

— Sinon mon vrai prénom est Zaël. Mon vrai âge c'est cent-douze ans mais bon... Vous savez plus un Erian est loin de la "moitié de sa vie", plus il est difficile de trouver un emploi. Ma seule remarque sera que cette question était incroyablement longue et étrangement formulée... J'espère que les autres, s'il y en a, ne seront pas du même format... Quand au code...

Zoé posa ses coudes sur ses genoux, croisant ses mains, et posa sa tête par dessus dans une posture très théâtrale.

— Il faudra le chercher par vous-même. Je préfère ne pas prendre le risque de me le faire extorqué alors que lire un texte jusqu'au bout suffit.

Achevant sa phrase, l'hybride revint à sa pose initiale et eut un sourire bien plus timide et nerveux. Elle ne pouvait que bénir son maître de l'avoir autant entraînée à l'improvisation. Même si ça ne lui servait vraiment que lorsqu'elle se lançait dans un long mensonge filé improvisé. Improvisé au point qu'il était difficile de dénouer le vrai du faux.
Zoé était d'autant plus efficace à cause de la pression, mais elle aurait été incapable de se lever à cet instant.

— Moskau Zoé. Erian... Je n'ai pas de pouvoir de télékinésie et je maîtrise très mal la télépathie, mais je suis très discrète et je n'ai jamais laissé une mission inaccomplie ! Je vais sur ma cent-unième année.

Eh bien, voilà quelque chose de presque amusant. Une Erian à la moitié de sa vie qui avait la moitié de ses pouvoirs. Une demi-Erian en somme. Une Er. Ou une Ian.

— Mon avatar sur la plupart des sites est une photo de panda-roux chibi qui vient du manga "Aka Panda".

Encore une fan de manga... N'y avait-il donc que cela sur cette planète ?

— Description physique... Je suis... Pas grande. Je crois que je fais dans les un mètre cinquante-cinq.

Elle n'était pas grande, en effet, mais gère plus petite que Dimma. Peut-être allait-il enfin avoir la chance de donner des ordres de haut en bas et non plus de bas en haut.

— J'ai la peau rouge tomette. Mais on m'a déjà dit qu'elle était senois ou feuille-morte. Mes cheveux sont bouton d'or orangé et mes yeux indigo.

C'était plutôt évident.

— Description psychologique: j'aime les animaux, surtout les panda-roux, je suis assez sportive et pas trop bête. J'aime mon travail et je le fais bien !
— J'en jugerai moi-même, si vous le permettez, répondit doucement Dimma.
— Histoire: j'ai perdu mes parents pendant la guerre alors il a bien fallut gagner ma vie... Depuis je ne fais qu'espionne.Ou d'autres petits boulots quand j'ai vraiment rien, mais ça me manque un vrai travail.

La guerre a éclaté il y avait 10 ans de cela. Elle avait donc naturellement 91 ans à cette époque. Elle vivait encore chez ses parents à cet âge-là ? Lev était trois fois plus jeune et déjà émancipé. Ou c'était vrai, ou c'était un très mauvais mensonge, mais un mauvais point pour elle dans les deux cas.

— Un bon ami à moi, m'a dit qu'un gars qu'il connaît connaissait un gars qui connaissait un gars qui avait discuté avec l'un de vos employé. C'est comme ça que j'ai connu la Kabbale.

Eh bien, l'information devait être rudement juteuse alors, pour parvenir à la transmettre aussi facilement. C'était une espionne, ou une ramasseuse de ragots ?

— Je n'utilise jamais de double-compte. Trop de risque de se faire prendre ! Sinon mon vrai prénom est Zaël. Mon vrai âge c'est cent-douze ans mais bon... Vous savez plus un Erian est loin de la "moitié de sa vie", plus il est difficile de trouver un emploi. Ma seule remarque sera que cette question était incroyablement longue et étrangement formulée... J'espère que les autres, s'il y en a, ne seront pas du même format... Quand au code...

Elle prit une pose aussi étrange qu'incroyablement stupide.

— Il faudra le chercher par vous-même. Je préfère ne pas prendre le risque de me le faire extorqué alors que lire un texte jusqu'au bout suffit.

Dimma s'approcha d'elle et lui tapota la tête.

— Je suis le seul à abattre le quatrième mur sur ce forum, ok ma belle ? Bon.

Il revint s'asseoir sur le bord du bureau.

— Donc vous êtes actuellement à la recherche d'un emploi pour espion. Je voudrais vous dire que rien que le fait d'avoir trouvé notre planque est impressionnant, mais il s'avère qu'un imbécile a fléché le chemin pour que le livreur de pizzas ne se perde pas en route. Je vais devoir trouver un autre moyen de vous évaluer.

Il se caressa le masque et réfléchit. Enfin, il savait déjà depuis un moment ce qu'il allait lui demander, c'était la procédure pour le recrutement des espions.

— Vous avez servi durant la guerre. Et je n'ai pas été n'importe quelle figure durant ce temps-là. Alors allez-y, dites-moi tout ce que vous savez de moi.

Un espion se devait d'être très observateur et à l'écoute. Dimma allait voir immédiatement s'il s'agissait d'une frimeuse ou d'une vraie professionnelle.

Zoé serra les mâchoires quand l'homme lui tapota la tête. C'était à peine si elle laissait son maître le faire. Heureusement que tous ses attributs animaliers étaient endormis, sinon son poil se serait sans doute hérissé.

— Je suis le seul à abattre le quatrième mur sur ce forum, ok ma belle ? Bon.

Elle avait toujours son sourire mais dans sa tête le "ma belle" résonnait comme une totale négation de son mensonge.

"Boss... Pourquoi il a dit "forum" ?"
"Je n'en sais rien. Je ne suis pas dans la tête de ce malade."
"D'ac... C'est quoi le quatrième mur ?"
"C'est ce qui dit que tu devrais la fermer au lieu de faire des blagues de forum rpg."
"C'est lui qui a commencé..."

Elle le regarda s'asseoir sur le bord du meuble. Entendre la voix du magicien la calmait grandement. Même ses jambes avaient cessé de trembler.

— Donc vous êtes actuellement à la recherche d'un emploi pour espion. Je voudrais vous dire que rien que le fait d'avoir trouvé notre planque est impressionnant, mais il s'avère qu'un imbécile a fléché le chemin pour que le livreur de pizzas ne se perde pas en route. Je vais devoir trouver un autre moyen de vous évaluer.

Elle hocha la tête, retranscrivant télépathiquement à son chef ces mots ainsi qu'un compte rendu de ce qu'elle avait dit. Elle eut droit à deux "andouille" et une "idiote" pour son mensonge improvisé. Il se mit à caresser son masque.

— Vous avez servi durant la guerre. Et je n'ai pas été n'importe quelle figure durant ce temps-là. Alors allez-y, dites-moi tout ce que vous savez de moi.

L'hybride fit la moue. Elle n'aimait pas donner ce genre d'infos. Surtout qu'avec toutes les enquêtes qu'elle avait eu à faire, aussi impressionnant que le parcours de "Dimma Dökkhönd", sa tête était remplie de beaucoup d'autres informations.

"Qu'est-ce que tu attends pour lui répondre ?"
"Et si j'en sais trop ?"
"Inquiète-toi plutôt de ne pas en savoir assez. Ai confiance. Calme-toi. Et réfléchi."

Zoé prit une profonde inspiration et ferma les yeux, faisant le vide pour réorganiser sa pensée.

— Vous êtes un "beau parleur". Vous savez manipuler les mots. Trop bien. Et trop lentement. Chaque phrase que vous dîtes tend à faire penser que vous avez absolument tout votre temps quand les autres en ont si peu. Vous êtes d'une race "immortelle". Vous avez la folie des grandeurs. Vous avez créé la Kabbale sur Terre et a suivi les survivants sur Edora. Je crois que c'était pendant ou juste après votre passage en politique... Entre nous c'est un passage obligé pour les gens qui ont votre... On va appeler ça "ambition".

Elle s'arrêta une seconde pour respirer.

— Si ma mémoire est bonne, vous avez fait un peu de tout niveau crime... En attaquant et marchandant avec les deux camps. Après tout, il n'y a pas de petit profits. Pour en revenir à votre race, j'ai de très fiables informateurs qui m'ont parlé de vos pouvoirs. Ou tout du moins que vous contrôlez des éléments tels que le feu et le métal. Sûrement plus mais j'ignore le ou lesquels.

Nouvelle respiration. Elle se dit que quitte à dire tout...

— Bref. Vous êtes un elfe. D'au minimum cinq siècles, mais sûrement plus. Vous avez tout de suite remarqué que je mentais sur plusieurs points. Mes mensonges étaient un peu gros pour certains, c'est vrai, mais je pense malgré cela que vous êtes quelqu'un d'observateur et d'intelligent. Et pas qu'à cause de votre réputation.

"Et ?"
"Rien."
"Dis-lui."

Zoé soupira et cessa de le fixer. Plus qu'à espérer que ça n'était un secret pour personne.

- Et vous avez peur. Tout le monde à peur... Mais en tant qu'immortel sans attache visible, vous avez peur pour vous. La peur de mourir... Bien sûr ça frappe tout le monde mais vous ça vous obsède. Je suis persuadée qu'en imaginant que je vous attaque là, maintenant, vous auriez au moins dix façons différentes de me mettre hors d'état de nuire avant même que je ne me sois levée.

"Je parlais de son orientation sexuelle."
"Chef, tu me gonfles.C'était presque classe comme fin de réplique."

Elle passa sa main sur son visage.

- Sinon, plus dans l'expectatif, vu les uniformes de vos subordonnés, vous n'avez attirance ni pour les mâles ni pour les femelles. Ou alors vous êtes marié et très fidèle. Mais au vu du temps que demande tous les projets pour obtenir pouvoir et argent, je doute que vous trouviez le temps d'avoir une vie de couple.

"Alors ? Heureux ?"

Ses oreillettes ne donnèrent aucune réponse à sa question télépathique. Elle risqua un regard vers l'homme masqué, espérant que ça suffirait.

— Vous êtes un "beau parleur". Vous savez manipuler les mots. Trop bien. Et trop lentement. Chaque phrase que vous dîtes tend à faire penser que vous avez absolument tout votre temps quand les autres en ont si peu. Vous êtes d'une race "immortelle". Vous avez la folie des grandeurs. Vous avez créé la Kabbale sur Terre et a suivi les survivants sur Edora. Je crois que c'était pendant ou juste après votre passage en politique... Entre nous c'est un passage obligé pour les gens qui ont votre... On va appeler ça "ambition". Si ma mémoire est bonne, vous avez fait un peu de tout niveau crime... En attaquant et marchandant avec les deux camps. Après tout, il n'y a pas de petit profits. Pour en revenir à votre race, j'ai de très fiables informateurs qui m'ont parlé de vos pouvoirs. Ou tout du moins que vous contrôlez des éléments tels que le feu et le métal. Sûrement plus mais j'ignore le ou lesquels. Bref. Vous êtes un elfe. D'au minimum cinq siècles, mais sûrement plus. Vous avez tout de suite remarqué que je mentais sur plusieurs points. Mes mensonges étaient un peu gros pour certains, c'est vrai, mais je pense malgré cela que vous êtes quelqu'un d'observateur et d'intelligent. Et pas qu'à cause de votre réputation.

Dimma l'écoutait très attentivement. Cette jeune fille était impressionnante, à vrai dire. Plus elle parlait, plus l'Elfe commençait à se douter qu'elle était bien plus qu'une simple Erian. Il y avait quelque chose d'autre, quelque chose de pas net en elle. D'un côté, ce sentiment provenait peut-être du fait que cette personne était venue le chercher directement dans son repaire, et n'avait pas daigné enlever son déguisement lors de l'entretien.

Si elle connaissait autant de choses sur lui, elle devait savoir qu'il était très sensible à la politesse, et que la moindre des choses aurait été de se présenter en tenue correcte, pas en cosplay de... qu'est-ce que c'était, d'ailleurs ? Une tortue ? C'était bien poilu, un tortue, au moins ?

Non, elle cachait quelque chose. Lev n'aurait fait aucun effort pour s'habiller et serait venu en pyjama s'il en avait eu l'opportunité. Mais Lev était un crétin complet.

Il croisa les bras et continua à l'écouter.

— Et vous avez peur. Tout le monde à peur... Mais en tant qu'immortel sans attache visible, vous avez peur pour vous. La peur de mourir... Bien sûr ça frappe tout le monde mais vous ça vous obsède. Je suis persuadée qu'en imaginant que je vous attaque là, maintenant, vous auriez au moins dix façons différentes de me mettre hors d'état de nuire avant même que je ne me sois levée.

Dimma haussa un sourcil. Précisément, il avait pensé à pas moins de 57 façons de la tuer, et 34 d'entre elles impliquaient l'usage détourné d'un grelot. D'ailleurs, 22 de ces scénarios prévoyaient de la faire mourir avant même qu'elle n'ait eu le temps de songer à la pensée éventuelle d'avoir l'idée potentielle de l'attaquer.

— Sinon, plus dans l'expectatif, vu les uniformes de vos subordonnés, vous n'avez attirance ni pour les mâles ni pour les femelles. Ou alors vous êtes marié et très fidèle. Mais au vu du temps que demande tous les projets pour obtenir pouvoir et argent, je doute que vous trouviez le temps d'avoir une vie de couple.

Décidément, elle était très maligne. Et Dimma supposait de plus en plus qu'elle n'était peut-être pas là juste pour un simple travail. Ces renseignements étaient loin d'être à la portée de tous. N'importe qui paierait même une fortune pour les avoir. Pourtant elle ne les avait pas divulguées, le cas échéant il l'aurait appris très durement. Non non non, elle était venue le voir lui pour se faire embaucher.

Une espionne aussi douée ne pouvait pas être sans emploi. N'importe qui d'un tant soit peu intelligent l'aurait repérée et recrutée aussitôt. Et aurait conservé son existence secrète pour parvenir à amasser le plus d'informations possibles sur des gens puissants et dangereux. Tels que Dimma.

— Vous êtes une personne fascinante, Mademoiselle... Moskau. Très intelligente et maligne. Je ne doute pas que vous aurez un avenir certain au sein de la Kabbale.

Il décroisa les bras.

— Écoutez, je vais user de mon influence pour vous éviter un entretien avec Monsieur Kurtzmann. Je vais vous assigner une, non, deux missions qui feront office de période d'essai. Si vous vous en sortez, je vous intégrerai pleinement à la Kabbale. Mais pour cela, il faudra répondre à une dernier question. Répondez seulement par oui, non, ou sbradaravjian. Où se trouve l'oiseau ?

Zoé, la tête basse, ne l'avait pourtant plus quitté des yeux depuis la fin de sa tirade, analysant le plus petit mouvement et le retranscrivant à son maître. Une chose qui ne lui paraissait pas important à elle pouvait très bien être une information pour quelqu'un d'autre. Elle avait appris ça bien avant la guerre et avoir vingt-six cerveaux travaillant sur un cas au lieu d'un n'était pas un mal.

— Vous êtes une personne fascinante, Mademoiselle... Moskau. Très intelligente et maligne. Je ne doute pas que vous aurez un avenir certain au sein de la Kabbale.

"C'est sincère ou c'est de la flatterie ça ?"
"Les deux sont possibles. Reste concentrée "mademoiselle Moskau"."
"Oui !"

— Écoutez, je vais user de mon influence pour vous éviter un entretien avec Monsieur Kurtzmann.

"User de son influence ?" grommela la voix d'Yvan dans ses oreilles. "Encore heureux, c'est supposé être lui le chef."

L'hybride eut un très léger pincement de lèvre, se retenant de rire, avant d'afficher un sourire reconnaissant vers l'elfe.

— Je vais vous assigner une, non, deux missions qui feront office de période d'essai. Si vous vous en sortez, je vous intégrerai pleinement à la Kabbale. Mais pour cela, il faudra répondre à une dernière question. Répondez seulement par oui, non, ou sbradaravjian. Où se trouve l'oiseau ?

"Que... Hein ?"
"Alors là..."
"Boss, il attend une réponse !"
"Je me répète: je ne suis pas dans la tête de ce malade ! Réponds n'importe quoi !"

Zoé bredouilla avant de murmurer.

— Sbradaravjian.

Elle ne savait même pas comment elle était parvenue à articuler ce "mot" avec la bonne prononciation. Et il fallait avouer qu'elle appréhendait pour lesdites "missions". Elle était déjà tombée sur un employeur qui avait voulu lui avait fait payer au prix fort ses mensonges durant l'entretien, et vu la réputation de cet homme, ou plutôt elfe... L'espionne se permit de demander à son maître mentalement d'envoyer l'un de ses collègues l'attendre à l'orée du bois.

— Sbradaravjian.

Dimma ferma les yeux et secoua lentement la tête de gauche à droite.

— Dans la branche. Eh oui, il y avait un piège.

Il haussa les épaules.

— Mais ce n’est pas grave. Je suppose que l’on ne peut pas s’attendre à tous les coups vicieux sur un champs de bataille.

Il se leva du bureau, et fit quelques pas en direction de la porte.

— Vous venez ? Nous allons faire une petite visite à l’infirmerie. Je vous expliquerai votre double mission en chemin. Inutile de retenir le trajet, la base change constamment de forme.

Dimma songeait de plus en plus que cette jeune fille n'était pas là par hasard ni pour rechercher un emploi. Elle savait beaucoup de choses de lui, lui ne savait rien d'elle, et ce qu'il en savait était certainement faux. Cela n'en faisait pas une espionne de grande qualité, mais cela suffirait largement pour la tâche qu'il allait lui confier.

— Un loup-garou du nom de Lev Konstantin travaille pour moi. Il est actuellement en train de remonter une piste pour trouver un individu mystérieux mais là n'est pas le problème. Le problème, c'est Lev. Je veux que vous l'espionniez, que vous appreniez tout de lui : qui sont ses proches ? Quelle est sa famille ? Est-ce un orphelin ? A-t-il été adopté ? A-t-il des frères et des soeurs, des amis ? Je veux tout savoir, tout. Leurs noms, leurs prénoms, leurs surnoms, leurs alias, leur âge, leur taille, la taille de leurs vêtements, de leurs chaussures, leur groupe sanguin, s'ils se brossent régulièrement les dents... Tout.

Il s’arrêta devant un ascenseur et attendit que la porte automatique s’ouvre. Il s’engouffra alors dans la cage d’acier. La porte se referma, et l’ascenseur commença à descendre.

— Vous viendrez me faire un rapport complet une fois votre tâche accomplie. Puisque vous connaissez ma réputation, je pense que je n’ai pas besoin de vous préciser que la trahison est vivement déconseillée. Car je le saurai.

L’ascenseur s’arrêta. Dimma en sortit, et traversa le nouveau couloir qui s’offrait à eux. Puis il poussa la porte devant lui, et il arriva dans l’infirmerie. D’un geste, il invita Zoé à s’asseoir sur la table d’auscultation.

— Nous allons discuter de votre deuxième mission dès que le docteur arrivera pour vous examiner. Vous avez des questions ?

— Dans la branche. Eh oui, il y avait un piège.

"Qu'est-ce que c'est que ce clown ?"
"Booooooooooooooooooooss...."

— Mais ce n’est pas grave. Je suppose que l’on ne peut pas s’attendre à tous les coups vicieux sur un champs de bataille.

Zoé hocha imperceptiblement la tête, ne le quittant pas des yeux une fois de plus.

— Vous venez ? Nous allons faire une petite visite à l’infirmerie. Je vous expliquerai votre double mission en chemin. Inutile de retenir le trajet, la base change constamment de forme.

L'espionne se leva d'un bond et le suivi à la trace.

"Il a parlé d'une visite à l'infirmerie..."
"Oh..."
"C'est dangereux tu penses ?"

Pas de réponse.

— Un loup-garou du nom de Lev Konstantin travaille pour moi. Il est actuellement en train de remonter une piste pour trouver un individu mystérieux mais là n'est pas le problème. Le problème, c'est Lev. Je veux que vous l'espionniez, que vous appreniez tout de lui : qui sont ses proches ? Quelle est sa famille ? Est-ce un orphelin ? A-t-il été adopté ? A-t-il des frères et des soeurs, des amis ? Je veux tout savoir, tout. Leurs noms, leurs prénoms, leurs surnoms, leurs alias, leur âge, leur taille, la taille de leurs vêtements, de leurs chaussures, leur groupe sanguin, s'ils se brossent régulièrement les dents... Tout.

Zoé répéta muettement "Lev Konstantin" "Loup-garou" "information famille". Si elle prenait en note mentalement, son maître s'en chargea physiquement.

— Vous viendrez me faire un rapport complet une fois votre tâche accomplie. Puisque vous connaissez ma réputation, je pense que je n’ai pas besoin de vous préciser que la trahison est vivement déconseillée. Car je le saurai.

"Zoé..."
"Quoi ?"
"Tombe le costume dès que tu en auras l'occasion..."
"Quoi ? Mais..."
"Il vaut mieux que tu le fasses toi-même au lieu d'être acculée."
"Mais les écouteurs..."
"Je les passe en mode musique. Je reste à l'écoute. Obéit !"

Elle était tellement prise dans son inquiétude et dans son analyse de la situation qu'elle retint avec peine un sursaut lorsqu'elle se sentit poussée sur quelque chose. A présent assise sur la table d'auscultation, un peu confuse par cet enchaînement, elle reporta à nouveau son regard sur le masque.

— Nous allons discuter de votre deuxième mission dès que le docteur arrivera pour vous examiner. Vous avez des questions ?

Elle prit une profonde inspiration, qu'elle camoufla pour qu'on pense qu'elle était confiante, et ôta son faux serre-tête puis les gros écouteurs à coque en plastique.

— Vous avez une localisation précise pour cette personne ou je dois le trouver ? Y-a-t-il un temps limité pour l'accomplir ? Et le niveau de dangerosité de l'individu... Ah, si ça vous intéresse, je vous ai menti sur ma race. J'aurais dû venir en raton laveur plutôt qu'en "faux panda-roux".

Elle rangea ses affaires dans la pochette qui avait contenu son CV avant d'enlever la ceinture qui donnait l'illusion que sa queue était fausse.

— Vous avez une localisation précise pour cette personne ou je dois le trouver ?
— Vous n'avez pas nécessairement à le stalker. Vous êtes une espionne, vous saurez trouver facilement les informations, que ce soit de la bouche des gens ou d'internet.
— Y-a-t-il un temps limité pour l'accomplir ?
— Faites-le le plus vite possible.
— Et le niveau de dangerosité de l'individu... Ah, si ça vous intéresse, je vous ai menti sur ma race. J'aurais dû venir en raton laveur plutôt qu'en "faux panda-roux".

Pardon ? C'était carrément sauter du coq-garou au l'hybride-âne, cette transition. Un panda roux ? Elle était donc plus qu'une Erian. C'était une hybride. Ou une thériantrope.

Non, c'était une hybride. Elle avait annoncé trop spontanément qu'elle était une Erian, donc cela ne pouvait être qu'une hybride erian/thériantrope. Une Ériantrope.

— Il vous a fallu du temps pour tomber le masque. Je commençais à croire que vous insultiez ouvertement mon intelligence.

Néanmoins... pourquoi avait-elle ôté ses écouteurs ? Cela n'appuyait en rien sa demi-révélation. La porte s'ouvrit, interrompant le flux des pensées de Dimma.

— Ah, vous voilà... Mademoiselle Moskau, permettez-moi de vous présenter notre médecin en chef, le Docteur Insano.

Le docteur fut pris d'un rire aussi terrible qu'aigu. D'un pas sautillant, il alla se saisir d'une seringue et l'aurait planté brutalement dans la nuque de l'espionne si Dimma ne venait pas de l'arrêter à cet instant.

— Excusez-le, il est un peu excentrique.

Déçu, le docteur prit son stéthoscope, et commença à ausculter, un peu brusquement, la thériantrope.

— Une fois que vous m'aurez fait votre rapport, ma chère, vous devrez commencer votre deuxième mission, qui sera simplement de vous rendre au théâtre de la ville. Vous en saurez plus une fois à l'intérieur. Tout est bon, docteur ?

Le docteur éclata de rire, s'empara d'un scalpel et se serait jeté sur l'espionne si Dimma ne venait pas de l'arrêter sur le moment.

— Calmez-vous, docteur. Vous avez encore oublié de prendre vos pilules.

D'un coup de poing unique, il envoya le docteur au pays des rêves, puis il se retourna vers Zoé.

— Il est évident, Mademoiselle Moskau, que l'échec n'est pas envisageable. Si le rapport de votre première s'avère... décevant, je serais sûrement attristé de vous laisser en compagnie du bon docteur et de Monsieur Kurtzmann. Vous avez d'autres questions ?

— Il vous a fallu du temps pour tomber le masque. Je commençais à croire que vous insultiez ouvertement mon intelligence.

"-Bien joué chef." lança mentalement Zoé.

— Ah, vous voilà... Mademoiselle Moskau, permettez-moi de vous présenter notre médecin en chef, le Docteur Insano.

L'hybride ouvrit de grands yeux en entendant ledit médecin rire. Elle aurait dû garder contact avec son maître. Elle lui transmit le nom de ce nouveau protagoniste, la gorge serrée.

— Excusez-le, il est un peu excentrique.

Elle marmonna un "hinhin" peu convaincu. Si presque lui arracher le bras en l'examinant était être excentrique, oui, il l'était.

— Une fois que vous m'aurez fait votre rapport, ma chère, vous devrez commencer votre deuxième mission, qui sera simplement de vous rendre au théâtre de la ville. Vous en saurez plus une fois à l'intérieur. Tout est bon, docteur ?

Zoé fixa le médecin, pas du tout rassurée, et cette fois c'était on ne peut plus visible. Toutefois elle fronça les sourcils. C'était ça le briefing ? Si court ? Après avoir eu autant de détails pour la première.
Elle eut un rire nerveux, s'éloignant quelque peu de l'homme fou.
Ne rien laisser paraître aurait été une erreur après n'avoir pu cacher sa panique. Elle s'efforça de respirer, cette fois le cachant autant que possible.

"Yvan... La seconde mission ça pue l'élimination de l'élément après usage..." prévint-elle.

— Calmez-vous, docteur. Vous avez encore oublié de prendre vos pilules.

L'espionne sursauta en le voyant frapper.

— Il est évident, Mademoiselle Moskau, que l'échec n'est pas envisageable. Si le rapport de votre première s'avère... décevant, je serais sûrement attristé de vous laisser en compagnie du bon docteur et de Monsieur Kurtzmann. Vous avez d'autres questions ?

"Oui: pourquoi me menacer alors que vous avez déjà prévu de vous débarrasser de moi..."

— Non monsieur. Tout est parfaitement clair.

Elle passa nerveusement sa main sur l'une de ses oreilles endormies. Elle en avait encore pour deux ou trois heures sans pouvoir les bouger ni sentir quoi que ce soit.

— Donc... Si vous avez terminé et que vous avez l'obligeance de me montrer la sortie... Je tiens à préparer au plus tôt ma première mission.

— Non monsieur. Tout est parfaitement clair.
— Bien...

Zoé caressa rapidement l'une de ses oreilles de peluche géante.

— Donc... Si vous avez terminé et que vous avez l'obligeance de me montrer la sortie... Je tiens à préparer au plus tôt ma première mission.

Dimma s'avança vers elle et, lentement et délicatement, lui effleura la joue du bout des doigts. Il rapprocha son visage du sien, jusqu'à ce que seulement quelques minuscules petits centimètres les séparent.

— Bien entendu. Je peux donc vous faire aveuglément confiance... n'est-ce pas ? Je pense que si vous me cachez quelque chose, vous le porterez immédiatement à ma connaissance, non ?

Il lui passa devant et sortit de l'infirmerie pour aborder le couloir. Il bifurqua immédiatement sur la droite, et ouvrit la porte... qui donnait directement sur une petite clairière tapissée de zéphyranthes.

— Je vous souhaite un bon retour chez vous, et j'attendrai de vos nouvelles avec impatience.

L'attente. Exactement ce que signifiait la zéphyranthe. L'attente d'un travail fait à la perfection.

Dimma referma la porte, et revint sur ses pas, dans les entrailles de sa base secrète fléchée pour le livreur de pizza. Jaillissant de la pénombre, enveloppé de la noirceur de son coeur et du silence de son âme, apparut alors Requiem.

— Je compte sur toi, R.

Désormais, Zoé allait lui révéler bien plus de choses que ce qu'elle ne le voudrait bien. Comme par exemple, les endroits précis qu'elle visiterait... et ceux dans lesquels elle passerait plus de temps qu'ailleurs... entre autres...

Zoé le vit s'approcher dangereusement. Elle se retint avec peine de mordre les doigts en contact avec sa peau ou de lui cracher au visa... Au masque. C'était très difficile.

— Bien entendu. Je peux donc vous faire aveuglément confiance... n'est-ce pas ? Je pense que si vous me cachez quelque chose, vous le porterez immédiatement à ma connaissance, non ?

Elle planta son regard dans le sien, plus assuré que jamais.

"Bien sûr, je vais porter toutes les informations à la connaissance de quelqu'un qui ne m'a même pas vraiment engagée !" grinça-t-elle mentalement alors qu'elle répondait par un hochement de tête sérieux et professionnel.

Elle le suivit d'instinct quand il passa devant. Son nez s'agita lorsque la porte s'ouvrit, l'appel d'air lui jetant les parfums de la nature en pleine face. Ses attributs animaliers auraient sans doute été à la fête s'ils n'étaient endormis.

— Je vous souhaite un bon retour chez vous, et j'attendrai de vos nouvelles avec impatience.
— Je ferais au plus vite monsieur.

Suite à cette phrase dite comme une promesse, elle fit deux pas à l'extérieur. L'espionne remit ses écouteurs, montant le son au maximum. Après une ondulation du bassin et un petit saut pour se mettre dans l'ambiance, elle repartit au rythme de la musique. Inutile de recontacter son maître aussi tôt. Le seul appel de la forêt avait apaisé toutes ses craintes.

Après une pseudo-course dansante de plus d'un quart d'heure, elle rejoignit la lisière du bois. Pourtant elle ne s'arrêta pas et sauta littéralement sur un jeune elfe, qui devait facilement faire un mètre quatre-vingt, entièrement vêtu de cuir noir, le haut montrant plus de peau qu'il n'en cachait, et portant un magnifique collier de chien à pointes. Bien qu'il ne s'était pas attendu à cette "attaque", il pencha à peine en avant.

— Draaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaake ! C'est gentil d'être venu me chercheeeeeeeeeeeeer !
— Content de te voir entière ! Tout va bien ? Toujours une queue et deux oreilles ?
— Toujours ! Je suis à l'essai !
— Cool ! Tu m'en diras plus à la maison ?
— Dans tes rêves mon joli !

Zoé retourna au sol et s'étira.

— Puis je ne rentre pas à la maison. J'ai une mission ! Donc je vais dans ma tanière. Faut que je bosse. Je suis sérieuse MOI.

Drake lui ébouriffa affectueusement les cheveux.

— Bien bien... Tu montes sur mon dos ? Je t'emmène.
— Tu as pris la cravache ?
— Non.
— J'ai le droit de te donner des coups de talons ?
— Oui.
— Alors va pour le dos ! lança-t-elle en lui grimpant dessus.

Elle le talonna, le faisant étrangement soupirer, et il partit en direction du centre ville.