Undir sjó... [PV Symphonie]

La Kabbale de Dimma Dökkhönd avait "affrété" un yacht pour partir en pleine mer. Logique, quand on y pensait. Néanmoins, se procurer un navire digne de ce nom n'avait pas été chose aisée. Il avait fallu déjà que Styrbjórn effectue des missions de reconnaissance. Des missions de reconnaissance en-dehors des décolletés des femmes, plus précisément.

Ensuite, il avait fallu convaincre le propriétaire du navire de le céder à un bon prix à la Kabbale. Les négociations avaient été rudes mais bien menées, puisque le bâtiment avait été vendu pour rien du tout. Si ce n'était la vie des deux enfants dudit propriétaire. Dimma avait fait en sorte que cela fasse partie intégrante du contrat de cession.

Enfin, et ce fut le plus difficile, il avait fallu personnaliser le "Mouette Démoniaque". Rebaptisé en "Hákarl", le bateau avait été réaménagé tout spécialement pour Dimma. Il comportait par conséquent toute une armurerie, des cibles d'entraînement (les mauvaises langues diraient qu'il s'agissait de SDF, mais ce n'était qu'une rumeur...), et, surtout, une salle de billard. Pourquoi ? Parce que... Styrbjórn aimait le billard.

Il était tôt dans l'après-midi quand le Hákarl s'éloigna du port pour s'aventurer plus loin dans les eaux d'Edora. Sur le pont extérieur, Dimma s'entretenait calmement avec un homme qui avait refusé de s'acquitter de la "taxe de survie" que la Kabbale imposait aux commerçants.

— Si vous faites ça, ils vous trouveront, et ils vous jetteront en taule.
— Si je fais quoi... ?
— Si vous me prenez mon magasin.
— Ah, j'avais cru un instant que vous mentionniez le terrible sort dont vous allez être victime.
— Le quoi ?
— Vous savez nager ?
— Oh, vous n'oseriez pas.
— Non. Vous allez le faire de votre plein gré.

Dimma leva deux doigts de la main gauche. L'homme se sentit soudain poussé par une force. Contre sa volonté, ses membres se soulevèrent et se mirent en marche vers le bord de l'embarcation. Tel un zombie possédé, l'homme, par mouvements saccadés, et poussant des cris, monta sur la rambarde, et se jeta dans la mer. Sans prendre son inspiration, il plongea dans les eaux sombres, et disparut.

— Quel dommage. Une si faible volonté...

La mer était calme aujourd'hui. Le moment idéal pour se ressourcer.

J'avais caché mes vêtements sur le port quelques heures auparavant et me laissai glisser dans l'eau.

Ces derniers temps, je ne me ressourçai presque pus que là. Paranoïa ?

Noooon. Non non non.... Peut être.

Si ce tueur revenait, il avait moins de chance de m'attraper pendant cet instant de faiblesse (enfin, j'étais déjà faible d'habitude, mais là, je l'étais plus encore) ici que dans une baignoire, aussi grande fut elle.

Je m'éloignai le plus possible du bord, de la civilisation... Et manquai de me faire écraser par un corps.

Encore une personne qui se débarrassait de ses cadavres en douce !

Enfin, il faisait comme il voulait, je m'en fichais. Ce n'était pas mes aff... Mais cet homme est encore vivant !

Et il ne se débat pas !

Il se noie mais il n'a aucun réflexe de survie ! C'est insensé ! Même quelqu'un qui se suicide ne peut s’empêcher de se débattre quand il meurt !

Je levai les yeux vers la forme en amande au dessus de moi. La personne qui se trouvait sur ce bateau devait être forte.

Et j'avais besoin de gens forts en ce moment.

Nous n'étions plus en guerre, mais c'était tout comme, pour moi.

Je ne pouvais coller Lev constamment, d'autant plus qu'il était évident que je m'attachais à lui. Je ne devais m'attacher à personne ! L'attachement, c'était la mort assuré, c'était un moyen de pression, c'était déposer sa vie entre les mains de l'autre et risquer qu'il nous poignarde d'une minute à l'autre. Bref. C'était tout sauf bon. C'était effrayant.

Mais un tueur l'était encore plus. Alors je m'entourais d'hommes pour me protéger, m'enveloppai de leur puissance comme d'un gilet réconfortant, et priais pour qu'ils soient de poids contre un assassin.

Discrètement, je remontai à la surface, me collant le plus possible à la coque.

Apparaitre un peu plus loin augmentait mes chances d'être repérée. Les gens regardent au large, pas juste sous leurs pieds, en général.

Doucement, j'écoutai ce qu'il se disait, me redressant presque jusqu'à mi-taille pour tenter d’apercevoir les occupants du bateau.

Je pourrais les suivre discrètement et leur mettre le grappin dessus quand j'aurais de nouveau mes jambes. Pour le moment, il était hors de question que je me montre comme ça.

Après plusieurs longues secondes et que les bulles aient arrêté de perturber l'onde, Dimma se pencha au-dessus du navire.

— C'est bon, remontez-le.

Des hommes de main s'emparèrent d'un large filet lesté et le jetèrent à l'eau. Puis ils tirèrent dessus, et remontèrent hors des vagues le pauvre presque-noyé. Ils le déposèrent sur le pont, et Dimma s'empressa de l'empoigner par le cou.

— Et maintenant ?
— J'accepte ! J'accepte ! suffoqua l'homme. Prenez tout !
— Bien. Je vais donc vous faire oublier ce douloureux évènement.

Il lui apposa l'index sur le front et exerça une pression pendant quelques secondes.

— Où... où suis-je ? Pourquoi suis-je trempé ? Pourquoi j'ai mal ?!
— Ce n'est rien. Allez à l'intérieur, mes hommes vont vous soigner.

L'homme disparut dans les cales du Harkál. Dimma demeura sur le pont extérieur, les bras croisés dans le dos. Styrbjórn s'approcha de lui.

— Qui est le prochain sur la liste ?
— Un Eryan, il possède un supermarché.
— À combien s'élève sa taxe ?
— 432 crédits.
— Baisse-la à 410. S'il refuse encore, amène-le moi...
— C'est quand même vachement pratique, ce pouvoir d'amnésie, là.
— Ça suffira, Styrbjórn. Cap sur le port.
— Yo-ho, capitaine.






Couleur de l'homme : #ff6633
Couleur de Styrbjórn : #cc33ff
Couleur de Dimma : #9933ff

Un des hommes se pencha. Je plongeai le plus rapidement possible, bien que je me trouvais plus loin, à sa droite.

Un filet manqua de me happer et je me réfugiai sous le bateau pour passer de l'autre côté. L'homme que j'avais vu se noyer ne l'était pas totalement. Je m'appuyai discrètement sur la coque et tentai de voir quelque chose. En vain. Je pourrais me hisser là haut, mais on en avait vu d'autres, côté discrétion !

Je ne pouvais qu'écouter.

— Et maintenant ?

C'était une voix grave. Le genre qui me donnait des frissons et faisait vibrer ma colonne vertébrale. Ça pouvait être une voix sexy, dans certains contextes, mais elle pouvait aussi être effrayante, dans d'autres.

— J'accepte ! J'accepte ! Prenez tout !

Pour cet homme à demi noyé, par exemple, elle était symbole de terreur.

— Bien. Je vais donc vous faire oublier ce douloureux évènement.

Je fronçai les sourcils. Que se passait-il là haut ? Ah si seulement je pouvais y jeter un oeil !

— Où... où suis-je ? Pourquoi suis-je trempé ? Pourquoi j'ai mal ?!
— Ce n'est rien. Allez à l'intérieur, mes hommes vont vous soigner.

QUOI ?!

Qu'est-ce qu'il s'était passé là ?!

L'homme à a voix grave se mit à parler:

— Qui est le prochain sur la liste ?
— Un Eryan, il possède un supermarché.
— À combien s'élève sa taxe ?
— 432 crédits.
— Baisse-la à 410. S'il refuse encore, amène-le moi...
— C'est quand même vachement pratique, ce pouvoir d'amnésie, là.
— Ça suffira, Styrbjórn. Cap sur le port.
— Yo-ho, capitaine.

Je plongeai immédiatement.

Un pouvoir d'amnésie.

Un pouvoir d'amnésie !!

Un pouvoir d'amnésie et de contrôle des gens !!!

Et des hommes de main !!!!

C'était un gros poisson, un très gros poisson très dangereux. C'était risqué, flippant, mais si je réussissais mon coup, je pourrais peut être me débarrasser définitivement de mon tueur.

Une petite amnésie, et pouf ! Je n'étais plus un témoin gênant vu qu'il ne se souviendrait même plus que j'étais là !
C'était vraiment dommage que je ne connaisse pas son identité. J'aurais pu tenter de lui envoyer cet homme à la voix grave.

Le bateau se mit en marche et je nageai cent fois plus vite jusqu'au port. Si j'avais eu des jambes, on pourrait dire que j'ai sprinté.

Je récupérai mes vêtements, composés en tout et pour tout d'une fine robe bleue à bretelles et d'une paire de sandales à talons compensés. L'eau collait la robe à ma peau, révélant la non présence de sous vêtements et j'essorai rapidement mes cheveux que je plaçai d'une manière avantageuse en glissant mes doigts dedans. Ils dégoulinaient en mouillant encore plus ma robe, mais je savais parfaitement jouer sur ce détail pour me rendre encore plus désirable.
Mes jambes pâles avaient encore un très léger reflet argenté, très léger, mais je comptais sur le soleil pour les sécher complètement. En cinq minutes ça sera fait.

Ils avaient parlé d'un Eryan. Plissant les yeux, je repérai l'homme dont ils parlaient. En même temps, il n'y avait pas grand monde sur le port, ce n'était pas difficile de le trouver !

Je m'assis sur la rambarde en les attendant et commençai à réfléchir à mon plan d'attaque.

Un homme avec autant de pouvoirs pouvait être aussi dangereux qu'utile. Il ne fallait surtout pas que je rate mon coup ! Tout devait être parfait.

Le Halkár accosta au quai du port. Les hommes de la Kabbale posèrent le pied sur le ponton et débarquèrent leur passager.

Dimma se posta à l’avant de son fier bâtiment, les mains toujours placées dans le dos. Le soleil brillait encore haut, il devait être à peine plus de quatorze heures.

— Tu ne viens pas, Stjórnandi ?
— Si. Si…

Dimma et Styrbjórn descendirent du navire côte à côte. Ils abordèrent le ponton d’un pas nonchalant, et se dirigèrent vers leurs hommes, qui avaient déjà agrippé l’Eryan qui leur servait de cible. Ils le forcèrent à se mettre à genoux.

— C’est celui-là, Styrbjórn ?

Il n’y eut pas de réponse.

— Styrbjórn… ?

Dimma se retourna. Styrbjórn avait disparu. Un peu pris de court, l’Elfe regarda aux alentours, et finit par apercevoir son bras droit dans les bras, ou plutôt dans la poitrine, d’une jeune femme. Il s’y blottissait, ronronnait, les dévorait à pleines dents.

Lassé de ces pitreries, Dimma se dirigea vers la jeune femme coussin. Il attrapa Styrbjórn par le col, le distribua deux paires de gifles, mais ce fut inutile car l’homme de main semblait avoir trouvé son âme soeur.

— T’as vu, Stjórnandi ? On dirait ta fille.

Dimma adressa un regard rapide à la femme coussin.

— Oui, surtout que ma fille, c’est un garçon…

Le bateau arriva bien assez vite et je repérai deux hommes en particulier. Un cyborg et un autre avec un masque.

L'un des deux était le chef. Celui à la voix grave. Celui aux pouvoirs intéressants.

Il fallait que je capte son attention, que j'en attire au moins un des deux. Il me suffisait d'un regard. D'un simple regard...

Je captai celui du cyborg, lui adressai un petit sourire aguicheur et fut surprise de l'efficacité de ce sourire. Il accouru avec une rapidité qui me fit comprendre que je l'aurais très facilement. Trop facilement même.

- Salut.


Sa voix était grave, mais pas autant que celle que j'avais entendu. Le chef était donc celui au masque.

- Salut.

Qui était-il, lui ? Il se détachait quand même du reste des hommes de main. C'était donc quelqu'un de plus haut gradé. Un bras droit ou un général.

Je souris en voyant l'homme, bouche bée, me dévorer du regard et baisser les yeux sans arrêt.

J'étais presque sûre qu'il n'avais même pas remarqué les fines cicatrices sur mon bras et ma poitrine, restes de l'attaque de l'assassin-démon. Dans une semaine elles auront totalement disparu.

- Belle journée pour naviguer en mer. Commentais-je.
- Je pourrais t'emmener faire un tour.

Il était direct.

C'était tellement.... Facile.

Il se rapprocha et je constatai que je le dépassai légèrement, assise sur la rambarde. Debout, il devait être bien plus grand que moi, mais là...

Je fis la moue.

- Je ne sais pas. Vous semblez être accompagné. Je ne voudrais pas déranger.

Il se rapprocha encore plus. Se collant à moi.

J'étais sûre qu'à la prochaine étape, il tenterait de poser une main sur moi ou quelque chose comme ça.

- Ça ne pose aucun problème.

Je l'embrassai. Ou plutôt l'inverse, et il se fit plus entreprenant, laissant ses lèvres descendre le long de mon cou jusqu'à ma poitrine, sa main agrippant fermement ma hanche.

Je laissai échapper un petit rire mi étonné, mi amusé. C'était trop facile !

l'homme au masque s'approcha de nous et je regrettai presque aussitôt de ne pas pouvoir lire ses émotions sur son visage. A la place, je repérai ses épaules tendues et son pas pressé. Il n'allait pas être aussi facile que le cyborg.

D'ailleurs, il prit ce dernier par le col et lui fila une paire de claques. Je me retins de rire de nouveau. Oh non, il était mordu maintenant, et il faudra bien plus que ça pour le sortir de mes filets !

— T’as vu, Stjórnandi ? On dirait ta fille.

C'était l'excuse la plus pitoyable que j'avais entendu ! C'était hilarant !

— Oui, surtout que ma fille, c’est un garçon…

Je me mordis la lèvre inférieure pour m’empêcher le fou rire qui me gagnai et descendis de ma rambarde.

- Je suis désolée si j'ai distrait votre... employé ? Il m'a l'air de beaucoup apprécier les femmes en tout cas.

Je tentai un sourire. Avec sa grande taille, il ne pouvait qu'avoir une vue intéressante.

— Je suis désolée si j'ai distrait votre... employé ? Il m'a l'air de beaucoup apprécier les femmes en tout cas.

Dimma ne lui répondit pas. Il tira Styrbjórn par l’oreille, mais son lieutenant se débattit, hurlant à s’en déchirer les cordes vocales qu’il voulait faire des bisous à la jeune femme tout partout mais surtout au niveau de ses excroissances pectorales.

— Plus tard. Nous avons autre chose à faire, d’abord. Ensuite seulement, tu pourras aller tenter de procréer avec une femelle locale.

Il jeta Styrbjórn, et ce dernier roula sur le sol de pierre. Dimma croisa les bras. Il leva les yeux et observa l’Eryan qui, lui était toujours maîtrisé et maintenu à genoux. Quelque part, soudain, cette histoire l’ennuyait. Il n’y avait plus aucun frisson, plus d’excitation.

— Relâchez-le, ordonna-t-il.

Sur le coup, ses hommes de main ne le comprirent pas. Ils lui adressèrent un regard médusé et troublé. Toutefois, après quelques secondes, ils obtempérèrent. Ils savaient que quand Dimma donnait un ordre, il ne devait jamais, au grand jamais, le répéter.

L’Eryan se releva et détala comme un lapin. Dimma expédia un coup de pied dans le ventre de Styrbjórn, toujours à terre.

— Tu peux retourner voir ta poule.

Il avait à peine terminé sa phrase que, déjà, le lieutenant s’était à nouveau jeté contre l’opulente poitrine de la jeune femme.

Dimma retourna nonchalamment à bord du Harkál, non sans adresser au passage un “si tu me cherches, je serai dans mon bureau” à Styrbjórn… ou bien était-ce à l’inconnue ?

Sitôt que son patron eut disparu de son champ de vision, Styrbjórn commença à harceler sa poupée gonflée.
— Dis, tu veux venir voir le bateau ? Tu veux visiter les cales ? Tu veux faire un billard ?

Deux choses étaient sûres : l'homme au masque n'était pas un tendre et son second (je crois) aimait les femmes et ne le cachait pas.

— Plus tard. Nous avons autre chose à faire, d’abord. Ensuite seulement, tu pourras aller tenter de procréer avec une femelle locale.

Procréer avec une femelle locale. Quelle charmante expression ! Tout dans la délicatesse et la poésie !

Il allait retourner à ses affaires, et, dans ce cas, je devais trouver une autre stratégie, quand soudain, il changea d'avis.

— Relâchez-le

Je manquai de pencher la tête sur le côté, surprise, mais restai dans mon rôle de fille facile et pas trop intelligente.

Il donna un coup de pied à.... Je ne sais pas comment il s'appelle, je m'en fous un peu même.... bref, à son bras droit, et je ne pu m’empêcher de compatir.

Il avait un petit côté attachant, un peu comme un chien un peu trop affectueux qu'il faudrait castrer pour éviter qu'il engrosse toutes les chiennes et les poteaux du quartier.

— Tu peux retourner voir ta poule.

Poule...

Bien. Visiblement, je n'avais pas produit l'effet escompté sur lui. Mais je pouvais compenser cette lacune avec son second qui se précipita vers moi. C'est qu'il remuerait presque la queue !

Du coin de l'oeil, j'observai l'homme au masque repartir vers le bateau en lâchant:

- si tu me cherches, je serai dans mon bureau.

J'esquissai un sourire et enregistrai cette information avant de reporter mon attention sur le cyborg qui me collait à lui.

— Dis, tu veux venir voir le bateau ? Tu veux visiter les cales ? Tu veux faire un billard ?

Je laissai échapper un petit rire musical et répondis :

- Dans l'ordre : oui. Non. Plus tard peut être.

A ma hauteur, il était obligé de sa baisser pour embrasser ma poitrine, mais ça me permettait de jouer avec en pressant mes seins contre son torse, les faisant remonter légèrement.

- Mais ton patron n'a pas l'air très commode...
- Mais non, ça ira...

Il posa sa main sur ma hanche et m'entraîna sur le bateau.

- Il est puissant ?
- Oh oui ! Très puissant !

Je n'aimais pas spécialement les bateaux. Je trouvais ces engins inutiles. Enfin, ce n'était que mon humble avis de sirène !

Je me blottis contre le cyborg sans nom (et je m'en fiche toujours) et battis des cils, l'air innocent, mordillant légèrement ma lèvre inférieure.

- Vraiment ? Il m'avait l'air d'avoir quelques problèmes...
- Oh ce n'est rien, juste des négociations un peu compliquées...
- Ah oui ? Et il apprécierait un peu d'aide ?

Il hésita et je l'enlaçai.

- Je ne sais pas. Peut être, qui sait...

Voilà qui était mieux...

Visiblement, je ne pourrais pas retirer plus d'information que ça. L'attention du cyborg était maintenant entièrement reportée sur mon corps. Surtout mes seins.

Je lui demandai doucement de m'emmener à l’intérieur, dans un endroit plus isolé. Une fois arrivée, le tout fut d'être assez rapide pour faire semblant d'avoir oublié quelque chose et devoir m'absenter. Ce ne fut pas chose aisée et il manqua de me déshabiller en me plaquant contre la porte avant même que je puisse dire quoi que ce soit. Heureusement que j'avais l’expérience et que je savais quand tout allait basculer !

Une fois sortie, et ce après avoir rassuré mon cyborg en lui disant que je reviendrais bientôt, je demandai à un des sbires où se trouvait le bureau du patron. Ce dernier bafouilla et rougit en me l'indiquant. Il ne m'avait pas regardé une seule fois dans les yeux, mais cela ne me dérangeait pas. J'avais l'habitude. C'était même rassurant.

Au besoin,  j'avais un certain pouvoir sur ces hommes...

Arrivée devant le bureau, je toquai trois coups et attendis quelques secondes avant d'entrer.

Dimma n'eut pas à patienter longtemps pour entendre frapper à sa porte. Enfin, ce fut toujours plus long que ce à quoi il s'était attendu.

Un coup.
Deux coups.
Trois coups.

Il ne prit pas la peine de répondre et laissa la jeune femme entrer d'elle-même.

Il était simplement caché derrière un paravent placé devant une fenêtre. La lumière du jour projetait son ombre sur la toile, tandis qu'il achevait de se déshabiller. Son masque était posé sur son bureau, pas très loin, mais suffisamment éloigné pour devoir montrer son visage afin de l'atteindre.

— Vous avez mis plus de temps que prévu, commença-t-il sur un ton mesuré.

Il enleva son pantalon, et le posa sur le paravent.

— Le coup de la séduction pour capter mon attention était bien joué, quoiqu'un peu grossier et insultant de votre part.

Il sortit une main hors du paravent pour désigner le minibar.

— Je vous en prie, servez-vous. Et n'hésitez pas à vous asseoir dans le canapé. Il est là pour ça.

En effet, un grand canapé s'étendait, perpendiculairement au paravent.

— Le pire, poursuivit-il, c'est que votre tentative de vous faire remarquer est une véritable insulte à mon intelligence, et à la vôtre.

Il replia brusquement le paravent, et se révéla entièrement nu, ou presque, si l'on faisait exception du masque, un autre, entièrement vierge, collé à son visage.

— Une jeune femme comme vous qui se montre nue et trempée sous sa robe, c'est trop gros. Vous n'aviez pas besoin de faire ce manège pour m'aborder. Agiter un panneau lumineux aurait été plus discret. Je suppose que vous ne vous souvenez de notre tentative de RP avortée. Vous n'aviez même pas écrit le titre en islandais, en plus...

Il se dirigea vers son bureau, et ôta son masque, pour le remplacer par celui qu'il portait habituellement. Enfin, il se retourna face à son interlocutrice.

— Alors, que voulez-vous ? Si vous étiez si désespérée de me parler, qu'y a-t-il d'autant important ? Que puis-je faire pour vous ?

Je repérais deux choses: Le paravent, où se découpait la silhouette de l'homme au masque, et ledit masque, posé plus loin.

— Vous avez mis plus de temps que prévu

Je fronçai les sourcils, quelque peu surprise. D'autant plus que... C'était bien son pantalon qui venait de passer sur le paravent ?

Eh bien, est-ce que j'aurais quand même produit un certain effet chez lui ? Si c'était le cas, j'avais un peu plus de chances d'obtenir ce que je désirais.

— Le coup de la séduction pour capter mon attention était bien joué, quoiqu'un peu grossier et insultant de votre part.

Bien. Visiblement il jouait la transparence. La sincérité. Il voulait la vérité... nue....

C'était une mauvais blague. J'avoue.


- Je ne suis pas au top de ma forme en ce moment. Commentais-je en haussant les épaules.

Une main blanche sortit du paravent. Je ne me souviens pas avoir vu sa couleur de peau tout à l'heure. Il était entièrement recouvert.

— Je vous en prie, servez-vous. Et n'hésitez pas à vous asseoir dans le canapé. Il est là pour ça.

Ouvrant le minibar, je laissai échapper:

-He bien... Vous faites les choses en grand ! Je pourrais faire n'importe quel cocktail avec ce qu'il y a là.

Je pris un verre et y versai une moitié de manzana avant de m’asseoir sur le canapé en croisant les jambes.

— Le pire, c'est que votre tentative de vous faire remarquer est une véritable insulte à mon intelligence, et à la vôtre.

J'allais répondre quelque chose quand il ferma le paravent d'un coup sec. Je restai un instant bouche bée, ravie de constater qu'il était loin d'être déplaisant, et surprise de découvrir un masque sur son visage. C'était pour le moins déconcertant. Et décevant aussi.

— Une jeune femme comme vous qui se montre nue et trempée sous sa robe, c'est trop gros. Vous n'aviez pas besoin de faire ce manège pour m'aborder. Agiter un panneau lumineux aurait été plus discret.

Je ne pu m’empêcher de sourire et me laissai aller en répondant.

- Ne me tentez pas.

- Je suppose que vous ne vous souvenez de notre tentative de RP avortée. Vous n'aviez même pas écrit le titre en islandais, en plus...

Je me figeai. Quoi ?

Je l'observai changer son masque, dos à moi. Dans n'importe quelle autre circonstance, j'aurais profité de la vue, mais là, ce qu'il disait n'avait aucun sens.

- De quoi est-ce que vous parlez au juste ?

— Alors, que voulez-vous ? Si vous étiez si désespérée de me parler, qu'y a-t-il d'autant important ? Que puis-je faire pour vous ?

Je penchai la tête sur le côté et constatai, quelque peu déçu, que je ne lui faisais visiblement aucun effet.

- Je souhaitais vous proposer un marché. Commençais-je en buvant une gorgée. J'ai entendu dire que vous aviez quelques difficultés à extorquer de l'argent aux commerçants. Je marquai un temps de pause. Je pourrais les convaincre de vous payer le double. Je suis plutôt douée pour ce genre de choses.

J'étais une experte même ! La preuve était que je n'avais rien dépensé depuis mon arrivée sur Edora. Tout ce que je désirais, on me l'offrait.

- En échange, j'aimerais que vous effaciez la mémoire d'une personne en particulier.

— Je souhaitais vous proposer un marché.

C'était effectivement ce que Dimma avait en tête.

— J'ai entendu dire que vous aviez quelques difficultés à extorquer de l'argent aux commerçants.

Ce n'était pas de l'extorsion, c'était une participation illégale et obligatoire à l'effort de guerre. Ce n'était que pour aider la nation, rien de plus...

— Poursuivez, je vous prie.
— Je pourrais les convaincre de vous payer le double. Je suis plutôt douée pour ce genre de choses. En échange, j'aimerais que vous effaciez la mémoire d'une personne en particulier.

Et voilà la deuxième partie du marché. Derrière son masque, Dimma fronça les sourcils. Comment cela, effacer la mémoire ? Seuls quelques-uns de ses hommes étaient au courant de cette capacité, les autres l'avaient oubliée... Styrbjórn. Cette femme avait demandé à Styrbjórn. En effet, elle était douée pour extorquer des choses...

Une minute.

Comment pouvait-elle le demander à Styrbjórn... alors qu'elle n'en savait rien ? Le lieutenant ne l'avait mentionné que sur le navire, au large, en présence seule de Dimma. Impossible. Ou, au contraire, plus que plausible... C'était même logiquement mathématique. Cette allure de prédatrice, cette façon d'enjôler et d'hypnotiser. C'était limpide.

— Vous êtes une s... urprenante jeune femme. Fascinante, même. Vous parvenez à dominer les hommes juste en balançant la hanche. Si vous avez besoin de moi pour effacer la mémoire de quelqu'un, c'est que cette personne est soit vraiment déterminée, soit un aveugle.

Il vint s'asseoir à côté de la jeune femme et se tourna vers elle pour la fixer dans les yeux.

— Ce marché n'est pas du tout équitable.

Il laissa un temps avant de reprendre.

— Vous me demandez quelque chose de ridicule, et vous m'offrez tout l'or du monde. Non non non non, ce n'est pas égal. Il faudrait que je fasse quelque chose d'encore plus fantastique pour honorer ma part du marché.

Il lui caressa le visage du bout de doigt, lui effleurant au passage doucement l'oreille.

— Je vous propose autre chose. Quelque chose de plus... sexy. Je fais ce que vous me demandez et, en échange, il se pourrait que j'ai besoin de vous à mes côtés. Une jeune femme comme vous a l'air de se faire fréquemment des ennemis, si j'en crois votre demande, et j'ai moi-même besoin d'aide dans ma tâche. Je vous propose... un partenariat.

Il mit un temps à répondre. Pesant sans doute le pour et le contre, je suppose.
Pour ma part, je trouvais mon marché tout à fait équitable. Évidemment, je n'avais pas encore précisé les détails du marché.

— Vous êtes une s... urprenante jeune femme. Fascinante, même. Vous parvenez à dominer les hommes juste en balançant la hanche. Si vous avez besoin de moi pour effacer la mémoire de quelqu'un, c'est que cette personne est soit vraiment déterminée, soit un aveugle.

Vil flatteur.

Ça ne répondait pas à ma proposition. Mais il était en bonne voie.

Il vint s’asseoir à côté de moi et planta ses yeux dans les miens. Je notai dans un coin de ma tête leur couleur. Ça pouvait toujours servir.

— Ce marché n'est pas du tout équitable.

QUOI ?

Je ne pu m’empêcher d’écarquiller les yeux en faisant la moue.

Qu'est ce qu'il voulait de plus ? Mes fesses dans son lit ? Pourquoi ça m'étonne encore ? En vingt ans, je n'en ai pas vu un seul qui n'a pas tenté de se faire plaisir en se servant de ma détresse.

Quoique... Si. Un.

Mais ne nous étendons pas sur ce sujet.

— Vous me demandez quelque chose de ridicule, et vous m'offrez tout l'or du monde. Non non non non, ce n'est pas égal. Il faudrait que je fasse quelque chose d'encore plus fantastique pour honorer ma part du marché.

Nouvelle surprise.

Mais meilleure cette fois ci.

Enfin, je ne lui avais pas précisé que l'homme à qui il devra effacer la mémoire était un assassin démon plutôt coriace. Mais libre à lui de m'offrir plus. Je lui préciserais ce petit "détail" plus tard.

Je frissonnait lorsque ses doigts m'effleurèrent. Oh, pas un frisson déplaisant, au contraire. Cet homme était doué. Dommage que je ne puisse pas voir son visage. Mais s'il tentait de me prendre avec mes propres armes, il n'avait aucune chance.

Je me tournai pour lui faire face et laissai ma jambe effleurer la sienne.

— Je vous propose autre chose. Quelque chose de plus... sexy. Je fais ce que vous me demandez et, en échange, il se pourrait que j'ai besoin de vous à mes côtés. Une jeune femme comme vous a l'air de se faire fréquemment des ennemis, si j'en crois votre demande, et j'ai moi-même besoin d'aide dans ma tâche. Je vous propose... un partenariat.

Je savourai un instant cette voix grave qui résonnait le long de mes os et examinai sa proposition.

Un partenariat.

Un partenariat ?


- Quel serait précisément mon rôle à vos côtés ?

Je laissai un sourire plein de sous entendus s'étirer tandis que je précisai:

- Je ne suis pas du genre à m'engager.

— Quel serait précisément mon rôle à vos côtés ? Je ne suis pas du genre à m'engager.
— Je n'ai jamais dit pareille chose.

Il laissa ses doigts courir sur la jambe de la jeune femme, remonter sur sa hanche et caresser subtilement son ventre.

— J'en déduis donc que la personne que avez présupposément offensée est très déterminée à vous éliminer. Et qu'elle en a la capacité. Vous pourriez peut-être m'en dire un peu plus... Quelles étaient les circonstances, le contexte, et ladite personne présupposément offensée...

Il la caressa toujours délicatement, juste sous la poitrine.

— Je ne peux pas me lancer dans une croisade juste pour le clochard du coin. Mais je suppose que vous me comprenez. Nous avons beaucoup de points communs après tout.

— Je n'ai jamais dit pareille chose.

Ses mains étaient légèrement baladeuses, mais pas pour autant tripoteuses. C'était comme si nous jouions à un jeu. A qui fera tomber l'autre dans ses filets en premier.

— J'en déduis donc que la personne que avez présupposément offensée est très déterminée à vous éliminer. Et qu'elle en a la capacité. Vous pourriez peut-être m'en dire un peu plus... Quelles étaient les circonstances, le contexte, et ladite personne présupposément offensée...

C'était étrange de discuter d'un sujet aussi sérieux alors que ses doigts ne l'étaient pas. Je ne m'en plaignais pas.

Mais je pouvais aussi jouer.

— Je ne peux pas me lancer dans une croisade juste pour le clochard du coin. Mais je suppose que vous me comprenez. Nous avons beaucoup de points communs après tout.

Je posai mon verre sur la petite table à côté du canapé et passai une jambe de par et d'autre de ses hanches, de telle sorte que je me retrouvai assise sur ses cuisses, le chevauchant.

- Hmmm, je ne connais pas son nom. C'est un assassin professionnel. Et un démon.

Je laissai mes doigts courir le long de son torse.

- Je me trouvais chez un homme au portefeuille tout à fait charmant quand cet assassin est arrivé et l'a tué. Il m'a ensuite dit que j'étais un témoin gênant et a tenté de me tuer.

J'effleurai les fines cicatrices sur ma poitrine et mon bras.

- Je n'ai pu m'en sortir que grâce à l'intervention d'un ami loup-garou. Mais cet assassin est toujours dehors.

Remontant un bras pour le poser sur une de ses épaules, comme si je l'enlaçai, je continuai:

- Il a les yeux bleus, les cheveux rouges, pas de sourcils et une marque étrange sur le front. Comme s'il avait été brûlé au fer rouge.  

Je ferme les yeux. Tentant de ne pas montrer à quel point le décrire me coûte.

- Ses yeux peuvent devenir jaunes. Il utilise un poignard et l'attache à une chaine. Je crois aussi qu'il a une arme à feu.

La jeune femme chevaucha soudain Dimma, et il eut du mal à admettre que cela le surprit. Elle menait le jeu à une étape supérieure.

— Hmmm, je ne connais pas son nom. C'est un assassin professionnel. Et un démon.

Évidemment. Un démon. Assassin. Professionnel. Son CV démarrait plutôt bien, à vrai dire. Enfin, un démon assassin professionnel n'aurait jamais laissé s'échapper une femme comme cela.

— Je me trouvais chez un homme au portefeuille tout à fait charmant quand cet assassin est arrivé et l'a tué. Il m'a ensuite dit que j'étais un témoin gênant et a tenté de me tuer.

Ok. Il fallait rajouter "complètement crétin" sur le CV. Aucun assassin digne de ce nom n'exécute son contrat devant un témoin, et prévient le témoin qu'il va le tuer. Cet assassin était totalement stupide et inconscient. Quel manque cruel de professionnalisme !

— Je n'ai pu m'en sortir que grâce à l'intervention d'un ami loup-garou. Mais cet assassin est toujours dehors.

Elle avait donc quand même des amis puissants. En tout cas, assez forts pour filer deux gifles à un démon assassin professionnel pas capable de faire preuve de discernement. Dimma se demanda si c'était réellement un exploit...

Elle ferma les yeux, et Dimma remarqua à ce moment-là qu'elle l'enlaçait presque. Oh que non.

— Il a les yeux bleus, les cheveux rouges, pas de sourcils et une marque étrange sur le front. Comme s'il avait été brûlé au fer rouge. Ses yeux peuvent devenir jaunes. Il utilise un poignard et l'attache à une chaine. Je crois aussi qu'il a une arme à feu.

Dimma pensa qu'en fait, il avait affaire à Scorpion, de Mortal Kombat. Habilement, et agilement, il se défit de l'emprise de la jeune femme en la faisant glisser à plat ventre sur le canapé. Il lui grimpa sur le dos, et commença à la masser tendrement et sensuellement. Évoquer ces souvenirs semblaient la déranger. Autant régler le problème, on ne pouvait pas passer un marché avec des émotions.

— J'ai connu bien pire. Je m'en occuperai.

De toute façon, un démon assassin professionnel qui exterminait son contrat devant un témoin, cela ne pouvait qu'être facile à calmer. Enfin, peut-être y avait-il un moyen de rendre à ce garçon son efficacité... Et d'en faire un atout. Un démon, et cette si...lhouette divine à ses côtés, cela accroîtrait considérablement ses chances de survie sur Edora.

— Si ce souvenir vous dérange, je peux le faire partir.

Il la massa près de la nuque et sentit une boule de nerf. Il appuya dessus pour la disperser.

— Vous vous souviendrez être venue me voir pour régler un problème, vous saurez que je l'aurai réglé, mais vous ne vous rappellerez pas de quoi il s'agissait. Parfois, l'oubli est la solution la plus facile.

C'était le moment de la conversation durant lequel Dimma devait demander son nom à l'inconnue. Non pas que cela l'intéressait, les épithètes et les qualificatifs étaient pour lui des choses sans intérêt qui empêchaient le bon déroulement des négociations.

— Je ne vous ai toujours pas demandé votre nom.

Je rouvris les yeux lorsque je sentis ses mains me faire glisser sur le côté. Ses mouvements étaient doux mais j'étais d'autant plus intriguée lorsque je me retrouvai à plat ventre sur le canapé. Je n'aimais pas la tournure que prenaient les choses. J'étais bloquée par son poids si ça tournait mal.

Il commença à me masser, et, d'un seul coup, la tournure des événements ne m'importaient plus tant que ça. Je regrettais presque qu'il y ai le tissu de ma robe entre ses mains et mon dos.

Croisant les bras sous mon visage, je laissai échapper un soupir de plaisir.

— J'ai connu bien pire. Je m'en occuperai.

Je fermai les yeux. Il avait des mains divines !

J'en ronronnerais presque de plaisir si je le pouvais.

— Si ce souvenir vous dérange, je peux le faire partir.

Je rouvris les yeux et tentai de me redresser pour protester, mais il massa un point sensible juste à ce moment là et je me détendis encore plus.

— Vous vous souviendrez être venue me voir pour régler un problème, vous saurez que je l'aurai réglé, mais vous ne vous rappellerez pas de quoi il s'agissait. Parfois, l'oubli est la solution la plus facile.

- Je tiens à garder mes souvenirs. Soufflais-je.

Sans souvenirs, je ne me rappellerais plus ces moments avec Lev. Du moins, je ne me rappellerais plus leur cause, et, bien que cet attachement commençait à me faire peur, je tenais à ces instants simples et agréables.

Et puis, je voulais garder le contrôle de cette situation. Même si, pour le moment, je n'étais plus que chair pétrie avec soin par cet homme à la voix grave.

— Je ne vous ai toujours pas demandé votre nom.

Mon nom ?

J'émergeais doucement.

Ah oui, mon nom.

- Symphonie... Ronronnais-je. (oui, j'ai dit tout à l'heure que je ne pouvais physiquement pas ronronner, mais même !)

Je poussai un soupir d'extase.

- Et vous ? Puis-je avoir le votre où suis-je condamnée à vous appeler "l'homme aux mains divines" ?

Parler me tenait un peu plus éveillée. J'en profitai pour redemander quelques précisions.

- Et qu'attendez vous de moi ?

— Symphonie…

Original.

— Et vous ? Puis-je avoir le votre où suis-je condamnée à vous appeler "l'homme aux mains divines" ? Et qu'attendez vous de moi ?

Évidemment, on revenait forcément aux épithètes et aux qualificatifs. Que Dimma s’appelle effectivement Dimma, ou bien Paul, ou encore Lucienne du Bois de Boulogne, qu’est-ce que cela pouvait bien changer ?

— Vinur.

C’était de l’islandais pour “ami”. De toute façon, peu de personnes l'appelaient par son nom. D'ailleurs, personne ne l'appelait par son nom.

Il s’enleva soudain du corps de Symphonie. Il attrapa une robe de chambre, l’enfila et la ferma à l’aide d’une ceinture de tissu.

— Je n’attends rien de vous. Je pourrais vous employer en effet comme vous l’avez mentionné, mais vous finirez par vous retourner contre moi une fois que j’aurais cessé de vous être utile.

C’était même évident. Cette femme avait la capacité de rameuter de nombreux fidèles.

— Mais je préfère que vous ayez une dette envers moi. Il vaut mieux que vous soyez en vie

Les gens endettés étaient plus faciles à contrôler et à tenir en laisse. Elle n'avait pas réellement le choix, de toute façon (et il ne le lui laissait pas non plus). Un démon assassin professionnel, aussi peu consciencieux fût-il, n'était pas une machine à tuer que l'on arrêtait facilement. Et il doutait sérieusement qu'elle trouvât un allié aussi conciliant que Dimma. Surtout que si elle refusait son offre, il n'allait pas la laisser partir librement.

— C'est à prendre ou à laisser.

— Vinur.

Ça lui allait bien. Ce nom possédait des sonorités dures et douces à la fois. Un peu comme lui, à terroriser les marchands d'un côté, et à flirter avec les femmes qui se présentent à lui, de l'autre.

Il se leva et parti enfiler une robe de chambre pendant que je me redressai, parfaitement détendue.

— Je n’attends rien de vous. Je pourrais vous employer en effet comme vous l’avez mentionné, mais vous finirez par vous retourner contre moi une fois que j’aurais cessé de vous être utile.

J'hésitai entre me lever pour être à sa hauteur ou rester assise. Hum, j'étais plus petite que lui, que je sois debout ou non.

- Vous êtes très perspicace. Commentais-je doucement, un sourire en coin.

— Mais je préfère que vous ayez une dette envers moi. Il vaut mieux que vous soyez en vie. C'est à prendre ou à laisser.

Une dette... C'était loin, très loin d'être stupide. Mais c'était toujours moins que ce que je lui avais proposé au départ. Dans un sens, ça m'arrangeait.

En espérant que cette dette ne me coûte pas plus que je ne pouvais payer. Enfin, j'avais tout ce que je désirais: l'argent et les grâces des gens qui m'entouraient. Offrir un service était donc dans mes cordes.

Je me levai.

- Soit. Mais je veux la preuve que votre part du marché aura bien été faite.

M'approchant du bureau, je saisis un stylo, repérai un bout de papier vierge et y griffonnai mon numéro de téléphone.

- Vous pourrez me joindre à ce numéro.

Puis, d'une démarche légèrement chaloupée, je me rapprochai de lui jusqu'à le frôler.

- Faire affaire avec vous est un réel plaisir.

Elle se leva, semblant satisfaite du marché.

— Soit. Mais je veux la preuve que votre part du marché aura bien été faite.
— Cela me paraissait évident.

Elle agrippa un crayon, et griffonna dessus une suite de chiffres qui n'avait aucun sens. Un code secret ?

— Vous pourrez me joindre à ce numéro.

Oh. Elle profita de sa réflexion pour s'approcher et le frôler.

— Faire affaire avec vous est un réel plaisir.
— Ce n'est pas encore fini.

Il lui rangea une mèche de cheveux derrière l'oreille et la serra contre lui, lui glissant une jambe entre les siennes. Enfin, il lui caressa le front du pouce.

Puis il la relâcha.

— Je ne manquerai pas l'occasion de vous recontacter.

D'autant plus que désormais, elle ne se souvenait plus qu'il avait le pouvoir d'effacer la mémoire. Elle saurait qu'il allait s'occuper de son problème, et cela devrait lui suffire. Connaître trop de choses était dangereux. Et, ce faisant, il venait de lui sauver la vie.

— Je pense qu'un dîner en tête à tête fera l'affaire...

— Ce n'est pas encore fini.

il flirtait encore, mais l'inconvénient, quand on était à moitié nu, c'est qu'on ne pouvait pas cacher la fait qu'on jouait la comédie. Surtout quand on était un homme. De ce fait, Vinur n'était dur qu'en affaires. Et encore, je m'en sortais plutôt bien alors que lui allait devoir... devoir ... s'occuper du démon.

— Je ne manquerai pas l'occasion de vous recontacter.

- Je l'espère bien.

— Je pense qu'un dîner en tête à tête fera l'affaire...

Je haussai un sourcil, puis les épaules, sans cacher ma légère surprise. Si un dîner lui suffisait...

Enfin, j'avais presque l'impression de l'arnaquer là.

A moins qu'il y ait anguille sous roche. Enfin, pour le moment il s'occupait de mon problème. C'était l'essentiel.

Lev allait être content ! A moins qu'il ne veuille botter les fesses de ce démon personnellement. Moi, en tout cas, j'étais beaucoup plus rassurée d'un coup.

- A votre guise. Je me dirigeai vers la porte et posai ma main sur la poignée. Je vous souhaite une bonne fin d'après midi. Au plaisir de vous revoir

Et plein de courage avec son bras droit incontrôlable.

Je ne l'avais pas oublié, celui là, et c'était la raison pour laquelle je pressai le pas pour descendre de ce bateau. J'avais eu ce que je voulais, je n'avais donc plus aucune raison de le laisser me tripoter les seins.

Une fois assez loin pour reprendre un rythme plus lent, je m'étirai, satisfaite. J'avais vraiment hâte de me trouver à ce dîner et "jouer" encore une fois avec cet homme à la voix sensuelle. Qui sait, cette fois ci, j'arriverais vraiment à l'attraper dans mes filets.