Lög og Kabbalah [PV John Doe]

Il existait deux moyens d’acquérir de l’argent rapidement sans rien faire. Le premier, c’était d’ouvrir un compte à la banque. On pouvait alors bénéficier de divers livrets de tout l’alphabet qui garantissaient des taux d’intérêt de 2 à 5%.
Le deuxième, c’était de braquer ladite banque. C’était à ce moment-là que l’on pouvait profiter des taux d’intérêt. En s’appropriant les livrets, on pouvait profiter de 5%, plus 5%, plus 5%, plus 5%… Et ainsi de suite jusqu’à dépasser les 100%.

C’était exactement ce que la Kabbale était en train de faire actuellement. Profiter des taux d’intérêt avantageux de l’après-guerre.

Styrbjórn et ses camarades étaient en train de nettoyer le coffre-fort, tandis que Dimma Dökkhönd, lui, attendait patiemment que ses sous-fifres eussent fini leur tâche.

Il était assis tranquillement dans la grande salle, à feuilleter divers magazines, tandis que les guichetiers et les guichetières travaillaient comme à leur ordinaire, sans se soucier ni même remarquer la présence de l’homme masqué.

Il restait là, assis sur un banc, et jetait les magazines par terre une fois qu’il les avait terminés. Il y en avait déjà dix-sept, très précisément, qui jonchaient le sol.

Ce ne fut qu'au bout du dix-neuvième magazine que les membres de la Kabbale surgirent de la salle des coffres, emportant sur leurs dos des sacs et des sacs de crédits. Cette irruption soudaine suscita d'abord l'incompréhension des conseillers et des clients, puis leur brutale panique. Dimma se leva tranquillement, et d'un geste de la main, calma tous les importuns. Ils arrêtèrent de crier, de courir, et retournèrent à leurs places respectives, comme sous l'emprise d'une hypnose totale.

— C'est bon, Stjórnandi, on a tout ce qu'il faut.
— Bien. Bien. Tu te rattrapes, Styrbjórn. Allons-y.

Je n’avais pas pour habitude d’aller à la banque pour réglé mes affaires financières mais aujourd’hui et tôt dans la matinée, ma banquière m’avais appelé car un souci sur mon compte venait d’apparaitre, mon solde entier avait disparu, comme si j’avais joué tout mon argent au poker et l’avait perdu.
Le rendez-vous avec la banquière fut bref pour deux raisons, la première était qu’une erreur sur le compte en questions montrait des données erronées et que donc il n’y avait soucis à se faire, la seconde raison était qu’une bande organisée était en train de vider réellement les coffres de la banque. La surprise fut ma première réaction, qui pouvait bien avoir l’audace de voler la banque d’Edora ? C’était les cris des clients et employés qui m’avait alerté mais subitement tout s’arrêta, ils se calmèrent ou bien les voleurs les avaient… tués ?! Tous?! Aussi vite, impossible! Je devais me rapprocher d’eux pour mieux voir la scène.

En tout cas, ces hommes étaient entraînés, rapides et méticuleux, je regardais ma banquière de l’œil je lui adressai la parole doucement et calmement, espérant que les braqueurs ne m’entendent pas :

« -Restez calme, ne faites pas de bruit, et restez cachez sous votre bureau.

Après ces quelques conseils, je me levais de ma chaise doucement, sorti du bureau sans faire de bruit. J’évaluais la scènes caché, prêt à agir. Je m’approchai du premier dans son dos, sans faire de bruit. Je me redressais soudainement derrière lui, et lui asséna un violent coup dans la nuque. Net, propre et sans bruit.

Le mode furtif n’est pas vraiment à mon coup et j’avoue préférer une bonne bagarre aux poings, le mieux était donc de se faire voir, apparaître comme ça, sans cris gare. Je sortais de ma cachette et m’exposais à la bande. Je sortais mon paquet de clope de l’intérieur de ma veste, m’allumais une cigarette et froissa le paquet qui était à présent vide. Je pris une voix grave, sur mais posée :

-Hey; vous vous croyez où ? »

Une interpellation attira l’oreille de Dimma.

— Hey, vous vous croyez où ?

Il se retourna lentement et fit face à l’origine de la voix : un grand homme brun, barbu, armé en tout et pour tout d’une cigarette, dont le paquet vide et froissé venait polluer le sol immaculé de la banque.

Ces gens n’ont décidément aucun respect, pensa Dimma.

Et bien évidemment, l’irruption de ce dandy barbichu capta l’attention des clients et des employés, qui remarquèrent à nouveau que les membres de la Kabbale étaient en plein milieu de la salle principale, chargés de sacs de crédit comme des mules.

Et bien évidemment, ce fut la panique. Encore. Heureusement qu’ils avaient coupé les câbles d’alimentation de l’alarme. Dimma pensa qu’à l’avenir, il allait être plus prudent et d’abord évaluer le terrain. Comme il l’avait toujours fait, et comme il aurait dû le faire aujourd’hui. Edora était encore une contrée étrange et inconnue, à ses yeux.

Et bien évidemment, les clients et le personnel se calmèrent presque aussitôt, et reprirent leurs activités normales.

— C’est vraiment la première phrase qui vous est venue à l’esprit, Monsieur ? répondit enfin Dimma. Vous vous croyez où ?

Il fit un rapide geste de la main indiquant à ses sbires de sortir avec le magot. Ce qu’ils s’empressèrent de faire.

Dimma resta ainsi seul avec l'importun, en dehors de la foule qui s'activait à respecter son rôle de figurant. Il le toisa, les mains dans le dos, demeurant à une distance de sécurité de quelques mètres.

— Vous auriez pu trouver autre chose. J'aurais préféré une phrase moins clichée à graver sur votre pierre tombale.

De toute évidence, soit cet homme se croyait au-dessus des lois, soit il croyait être la loi. Dans tous les cas, cela en faisait un champion du Bien et des causes nobles.





Et aussi un sombre crétin.





Couleur : #9933ff

— C’est vraiment la première phrase qui vous est venue à l’esprit, Monsieur ?  Vous vous croyez où ? Vous auriez pu trouver autre chose. J'aurais préféré une phrase moins clichée à graver sur votre pierre tombale.

Il est vrai que mon approche n’avait pas eu l’effet escomptée. Je perdis mon air grave quelques secondes, fis la moue et leva les yeux au ciel,

-heu… j’aurais préféré aussi quelque chose d’autre ; je repris mon air sérieux, et la votre il y sera inscrit quoi à votre avis : à cru pouvoir voler une banque sous le nez de John Doe impunément ?  Croyez moi, vous ne sortirez pas d’ici comme ça.

J’essayais de le fixer dans les yeux mais son masque empêchait toutes confrontations possibles. Ce n’était pas du style des démons de se masquer de la sorte, il y avait donc peu de chance qu’il en soit un, cependant il demeurait un être extraordinaire, il me faudrait en savoir plus sur lui avant de tenter une attaque.


Au diable la stratégie, il n’y avait pas une seconde à perdre, ses coéquipiers étaient déjà dehors, seul, il serait plus vulnérable. Donc avec le peu de renseignements que je possédais j’engageais une attaque, plus rapide je serais, plus vite je le mettrais à terre. Mon seul soucis était les clients présents, une idée me vint alors à l’esprit.

-Mesdames et messieurs, vous subissez actuellement un hold-up, Je suis John Doe, je représente le tribunal d’Edora … et je vous somme de quitter les lieux au plus vite! Je fis un tour de la salle des yeux croisant la plupart de clients. Sortez. Maintenant !

Je quittais mon manteau pour laisser paraître mes deux bras bio-mécaniques et tapa mes poings l’un contre l’autre pour faire un maximum de bruit. La réaction ne se fit pas attendre prit de panique la foule se mit à courir dans tous les sens, et surtout vers la sortie, je me mêlais à eux pour atteindre l’homme au masque en quelques enjambées.


La salle s’était vidée, et il ne restait que nous deux face à face, quelques centimètres séparaient nos visages.
-Je vous laisse le choix soit vous vous rendez et vous vous laissez conduire devant la justice, soit vous serez détruit puis conduit devant la justice. Que décidez vous ?

— heu… j’aurais préféré aussi quelque chose d’autre

Diantre, une fourmi raisonnable ! Pas intelligente, mais raisonnable. Il fallait un début à tout.

— et la votre il y sera inscrit quoi à votre avis : à cru pouvoir voler une banque sous le nez de John Doe impunément ?  Croyez moi, vous ne sortirez pas d’ici comme ça.

Dimma comptait en effet sortir victorieux plutôt que simplement énervé.

— Mesdames et messieurs, vous subissez actuellement un hold-up, Je suis John Doe, je représente le tribunal d’Edora … et je vous somme de quitter les lieux au plus vite!

Et un héros, en plus ! Représentant du tribunal d’Edora, donc quoi ? Il devait le considérer comme l’équivalent d’un dieu ?

— Sortez. Maintenant !

Il ôta fièrement son manteau. Le regard de Dimma fut attiré par une chose brillante… et remarqua que les deux bras de Sire Tribun étaient artificiels. Des prothèses mécaniques. Voilà qui était très intéressant… Cela allait grandement lui faciliter la castagne, si castagne il y avait. Il songea un instant à manipuler les bras de Sire Tribun pour qu’il se frappe tout seul. Ce serait un bon moment à passer pour un résultat équivalent à ce qu’il prévoyait. Les efforts en moins pour y parvenir. Du tout bénef’ !

— Je vous laisse le choix soit vous vous rendez et vous vous laissez conduire devant la justice, soit vous serez détruit puis conduit devant la justice. Que décidez vous ?

Dimma sortit de ses songeries. Il remarqua alors que non seulement son bouclier humain informe s'était enfui, mais aussi que Sire Tribun se tenait à une distance plus qu'envahissante de son espace personnel.

Sans hésiter une seconde, l'Elfe lui expédia le genou entre les jambes. Puis il le fit basculer en arrière à l'aide d'un balayage du mollet, et acheva en envoyait un coup de pied dans la figure.

— Jamais de monologue.

Il devait se débarrasser de cette nuisance au plus vite. Il leva une main et fit agir ses pouvoirs. Les bras de Sire Tribun étaient artificiels, cela allait jouer à son avantage. Et en effet, grâce à sa maîtrise du métal, il tira Sire Tribun dans les airs, par les deux membres supérieurs, et l'envoya s'écraser contre un mur plus loin. Pour achever, il souleva deux distributeurs de billets, et les propulsa sur le héros. Cela souleva un nuage de poussière et de débris. Dimma attendit qu'il se dissipât, les mains dans le dos, toujours stoïque mais paré à toute éventualité.

Il savait déjà quoi faire pour mettre l'inspecteur Gadget hors d'état de nuire.

L’attaque frontale avait été une erreur totale, il avait même réussi à prendre possession de mes bras! Comment était ce possible ? Ma première conclusion fut qu’il était de race Erian mais ça ne collait pas, un Erian ne braquerait pas de banque et ne s’attaquerait pas à un CyBorg. J’étais le dos collé au mur, mes bras avaient arrêtés les distributeurs de billets de justesse et ils formaient un bouclier le temps de trouver une nouvelle approche. Le nuage de poussière m’aidant aussi quelques secondes à rester cacher. Je repris alors un des distributeurs de billets le souleva et l’envoya sur le voleur masqué.

"-merci j’ai déjà tiré de l’argent, je vous rends la monnaie de votre pièce.

Je m’arrêtais une seconde évaluant le potentiel de ma dernière phrase… ouais bon pas terrible à oublié cette réplique.

Une autre pensée traversa mon esprit, pourquoi se battre absolument, par le passé les guerres étaient parfois nées de broutilles, de quiproquo. Étions-nous obligés de nous battre pour nous faire entendre de l’autre ? Mais comment calmer une situation de crise comme celle-ci ? Devais-je absolument me battre jusqu’au point de non retour ? Ou est ce que la possibilité d’une médiation était envisageable ? Je me lançais sur la seconde possibilité,

-Ecoutez, le mal est partout, et je ne souhaite plus participé à de telles querelles puériles. Je ne veux pas me battre contre vous, mais je ne peux pas vous laisser partir avec l’argent des autres. Je suis sur qu’un terrain d’entende est possible. Qu’en dites-vous ? Vous semblez être quelqu’un d’intelligent, réfléchissez."

Spoiler:

Les distributeurs volèrent soudain dans le sens opposé, en direction de Dimma. L'Elfe ne bougea pas d'un centimètre, car les machines heurtèrent un mur invisible juste devant lui, et tombèrent au sol avec fracas.

— Merci j’ai déjà tiré de l’argent, je vous rends la monnaie de votre pièce.

Dimma crut tomber du haut d'un immeuble en entendant cette réplique. Il écarquilla les yeux, et jeta un regard qui traduisait tout son désespoir à son adversaire. Heureusement, ce dernier sembla réaliser que son ineptie était aussi mièvre qu'inoffensive.

— Ecoutez, le mal est partout, et je ne souhaite plus participé à de telles querelles puériles. Je ne veux pas me battre contre vous, mais je ne peux pas vous laisser partir avec l’argent des autres. Je suis sur qu’un terrain d’entende est possible. Qu’en dites-vous ? Vous semblez être quelqu’un d’intelligent, réfléchissez.

Cela devait être le premier représentant de la loi sensé que Dimma avait rencontré depuis au moins le début de la guerre.

— Vous m'avez l'air d'être quelqu'un de courtois et de réfléchi. Et je pense que vous avez raison. Je vous propose de vous rendre l'argent. En échange, je désire que vous fermiez les yeux sur toutes mes activités. En guise de garantie, je vous offrirai sur un plateau d'argent tous les contrevenants à la loi qu'il m'arrivera de rencontrer. Vous avez ma parole de soldat.

Ce qu’il me proposait là, c’était donc de fermer les yeux sur ses délits pour bénéficier d’informations sur les autres criminels. Comment refuser sa proposition? Pire encore comment l’accepter ? Je me trouvais dans une impasse et pourtant il me faudrait tôt ou tard franchir ce mur.

De toute façon je n’avais pas la puissance pour le mettre hors d’état de nuire. Pour le moment il était plus sage de le laisser faire, et qui sait peut être qu’avec le temps je réussirais à le stopper. Cette situation ne me plaisait guère mais c’était la seule option viable pour l’instant, alors soit, je devrais l’accepter.

Je me touchais le bouc pour m’aider à réfléchir, levant les yeux vers mon interlocuteur puis les baissant pour appuyer ma réflexion. Ma décision, elle, était déjà prise mais je ne voulais pas lui montrer trop vite. Je remis mes lunettes de soleil pour accentuer le côté théâtral de la scène et me racla la gorge.

« -Bon ok, on fait comme ça, je pense que pour vous ce ne doit pas être compliqué pour me contacter, mais pour moi je veux un moyen de vous joindre rapidement. Et vous savez qui je suis, cela dit j’ignore tout de vous jusqu’à votre nom qui se trouve être… ?

-J’espère que cet arrangement nous sera favorable, j’avançais de quelques pas pour me rapprocher de l’homme masqué. Je pense bien que ni vous ni moi ne tentera de doubler l’autre, je m’approchais encore pour me trouver dans son champ d’action direct. Je ne suis peut être pas la créature la plus puissante ici bas, mais je peux vous promettre une chose si vous tentez de retourner le statu quo, je ferais de votre vie un enfer. »

Je lui tentais ma main en signe d'accord, s'il mon pressentiment était bon, nous allions sortir vivant de cette situation.

Pendant que Sire Tribun réfléchissait, Dimma appuya sur son oreillette et ordonne à ses hommes de venir restituer l'intégralité de leur butin. Malgré quelques protestations de Styrbjórn, ils revinrent tous seulement quelques instants plus tard, déposèrent leur magot, et repartirent, laissant à nouveau Dimma seul avec le super-héros amateur.

— Bon ok, on fait comme ça, je pense que pour vous ce ne doit pas être compliqué pour me contacter, mais pour moi je veux un moyen de vous joindre rapidement. Et vous savez qui je suis, cela dit j’ignore tout de vous jusqu’à votre nom qui se trouve être… ?

Dimma ne lui répondit pas, se contenta de l'examiner des pieds à la tête tout en gardant les bras bien croisés dans son dos.

L'autre reprit la parole et fit quelques pas en avant.

— J’espère que cet arrangement nous sera favorable.

Il l'était déjà, puisque Dimma le laissait repartir en vie. Non pas qu'il avait le droit de le tuer, non, c'était contraire au règlement, mais il aurait pu le mettre en pièces détachées.

— Je pense bien que ni vous ni moi ne tentera de doubler l’autre.

Ce n'était pas non plus comme s'il était clairement en mesure d'arrêter Dimma, puisque c'était Sire Tribun qui avait proposé un marché le premier.

Ils se retrouvèrent l'un en face de l'autre, à portée de main.

— Je ne suis peut être pas la créature la plus puissante ici bas, mais je peux vous promettre une chose si vous tentez de retourner le statu quo, je ferais de votre vie un enfer.

Qu'est-ce que cela signifiait ? Sire Tribun proposait un marché pour sauver sa peau, puis le menaçait à nouveau, cela n'avait strictement aucun sens. Dimma devait-il prendre cela comme une lettre de suicide ? Ou bien comme un manque de confiance en soi terrible et handicapant ? Oui, plutôt.

Dimma alla même jusqu'à se demander si son brave et vaillant interlocuteur avait déjà arrêté ne serait-ce qu'un voleur de sucette, dans sa vie ?

Sire Tribun lui tendit la main. Dimma la contempla un instant sans broncher.

— Le pouvoir n'a rien à voir avec la puissance, “ici-bas”. C'est une simple question d'intelligence. J'ai accepté votre marché plutôt que de vous écraser d'un coup d'un seul. C'est une première garantie que je ne vous frapperai pas dans le dos.

Il lui tourna le dos et s'en alla d'un pas nonchalant.

— Je vous recontacterai bientôt. Prenez soin de vous, mon ami. Reposez-vous, et gardez la tête froide. Vous en aurez besoin quand vous recevrez de mes nouvelles.

Dimma sortit de la banque tranquillement.