Première représentation [PV Le Magicien]

— Je ne comprends pas grand-chose.

Quelle surprise. Vraiment inattendu.

— Qu’est-ce que je pourrais bien changer ? Et n’importe qui pourrait refermer ce tiroir !

C'est l'but. Je sens qu'elle cogite, mais c'est normal. Eh, c'est pas tous les jours qu'on te propose le pouvoir absolu dans une boite à tiroirs ! Il faut que je pense à décliner ma gamme de RW3000 en modèle de voyage, ça ferait un carton plein, à coup sûr.

— Et si on referme le tiroir, disons, par accident, est-ce que les changements qui auraient été opérés sur moi s’annulent aussi ?
— C'est la raison pour laquelle il y a 3 tiroirs, ma chère. Puisque la magie ne peut pas opérer sur toi, laisse la magie opérer sur ce qui t'entoure. Cependant, cela demande une énergie colossale, et si par malheur le tiroir que tu as ouvert se ferme, volontairement ou par accident, il se scellera définitivement, et cela te fera une chance en moins de corriger les choses à ta manière.

Je reprends ma respiration, et lui caresse la tête.

— Mais tu es une fille intelligente. Je crois que tu as déjà compris que tu es désormais en possession d'un immense pouvoir. Et comme tout immense pouvoir, il suffit parfois d'un claquement de doigts pour que tout s'écroule. Néanmoins il me semble que tu es prudente… n’est-ce pas ? Tu ne prendrais pas de risques inconsidérés… non ? Je crois sincèrement que le premier tiroir restera toujours ouvert, me trompé-je ?

La vérité était un toooooouuuuuut petit peu différente. Car en utilisant le tiroir, et naturellement, elle le fera un jour, cela perturbera son sort de protection. La réalité autour sera complètement bouleversée, idyllique et paradisiaque. Ziaque. Comprenne qui pourra !

Toujours z'est-il qu'au bout du 3ème tiroir, elle viendra me supplier de lui donner ce qu'elle veut. Sa protection sera tellement habituée à cette nouvelle situation qu'elle ne fonctionnera pas alors qu'elle signera le contrat...





Ou je peux aussi faire des recherches sur cette protection, mais c'est bien moins fun !





— Des questions ? rajouté-je.

— C'est la raison pour laquelle il y a 3 tiroirs, ma chère. Puisque la magie ne peut pas opérer sur toi, laisse la magie opérer sur ce qui t'entoure. Cependant, cela demande une énergie colossale, et si par malheur le tiroir que tu as ouvert se ferme, volontairement ou par accident, il se scellera définitivement, et cela te fera une chance en moins de corriger les choses à ta manière.

Je réfléchissais à toute allure, réajustai mes doigts sous le meuble comme si ça allait l’alléger et répartis mon poids sur mon autre jambe.

Ce qu’il me proposait était loin d’être anodin. Je pouvais tout gagner. Et tout perdre.

— Mais tu es une fille intelligente. Je crois que tu as déjà compris que tu es désormais en possession d'un immense pouvoir. Et comme tout immense pouvoir, il suffit parfois d'un claquement de doigts pour que tout s'écroule. Néanmoins il me semble que tu es prudente… n’est-ce pas ? Tu ne prendrais pas de risques inconsidérés… non ? Je crois sincèrement que le premier tiroir restera toujours ouvert, me trompé-je ?

Je hochai la tête, peu sûre de moi.

— Des questions ?

Faisant la moue, je demandai :

- Si quelqu’un referme un tiroir à ma place alors que tout allait comme je le souhaitais. Est-ce que je peux ouvrir le prochain tiroir en souhaitant la même chose ?

Et puis cette autre question qui, rien qu’en y pensant me tordit l’estomac.

- Et que voulez-vous en échange ?

— Si quelqu’un referme un tiroir à ma place alors que tout allait comme je le souhaitais. Est-ce que je peux ouvrir le prochain tiroir en souhaitant la même chose ?
— Libre à toi de le faire ! Pour ma part, je considère que ça serait un manque cruel d'originalité. Et de convenance ! Après tout, changer le monde de façon identique à deux reprises, c'est inutile et grossier. Si ça n'a pas fonctionné une fois, il n'y a aucune raison que ça fonctionne une deuxième fois. Regarde l'URSS. Z'ont capté l'idée, hein. Mais autrement, oui, tu peux souhaiter exactement la même chose...
— Et que voulez-vous en échange ?

Ah, nous y voilà ! Le grand final ! L'heure de la victoire est proche, Maréchal Krazpowickz ! Demain à l'aube, nos canons cerneront la capitale d'Ylys, et feront pleuvoir un déluge de métal, de feu et de mort sur ses murs ! Les enfants seront égorgés ! Les ribaudes seront satisfaites ! Les hommes seront esclavagés ! On érigera des statues à notre gloire, Maréchal ! Des bustes seront sculptés, des tableaux seront peints, des livres seront écrits et des poèmes contés ! Cette bataille sera connue comme "La Chute d'Ylys" ! Sous-titrée : "le triomphe du Magicien". Sous-sous-titrée : "bataille sous les arceaux". Sous-sous-sous-titrée : "lol".

Ouais, et après évidemment viendra l'ère moderne, et mon épopée lyrique sera taxée de violence, de débauche, on lui infligera un PEGI 18 et puis basta, fini, aux oubliettes, le Magicien.

Foutue modernité.

Sinon, j'en étais où, moi ?

— Tout dépend, mon amie, de ce que tu as à m'offrir.

Je m'adosse à un arbre et lui file une petite tape, amicale, sur l'épaule.

— Je ne suis pas comme le gouvernement, à toujours te sucer le sang quand bien même tu ne vivrais plus que par perfusion dans un lit d'hôpital. Je te ferais bien signer un contrat spécifique à ça, qui te permettrait de nombreuses méthodes de paiement, mais ça ne marcherait pas.

Je souris.

— Je te propose la chose suivante. Comme ce n'est pas à proprement parler un contrat de service que je te propose, mais un contrat d'achat de bien manufacturé (sérieusement, fait main et fabriqué en Suède, du top qualité, les z'amis), je peux te faire... crédit. Tu n'entendras plus jamais parler de moi, sauf si tu reviens ici, si tu regardes la télé, si tu lis un magazine, si tu te balades dans la rue, enfin, des actions de tous les jours, jusqu'au moment où tu auras épuisé tes trois chances.

Je lui tends les bras, prêt à recevoir le câlin que je mérite.

— Qu'en dis-tu, petit chpoune ?

Bon si elle refuse avec ça, je suppose qu'une fellation suffira...

— Tout dépend, mon amie, de ce que tu as à m'offrir.

Oh, c’était inattendu. Je calai un genou sous la boite pour éviter de trop me fatiguer les bras et réfléchis.

Ce que j’avais à offrir ? Tout et rien à la fois. Je n’avais pas grand-chose de matériel, rien même. Je n’étais pas très douée en magie. Je n’y voyais pas de réel intérêt.

Je n’avais pas très envie de donner mon corps. Pour une simple question de pudeur et de dignité.

Et si je pouvais éviter de proposer mon âme, c’était toujours ça de gagné.

— Je ne suis pas comme le gouvernement, à toujours te sucer le sang quand bien même tu ne vivrais plus que par perfusion dans un lit d'hôpital. Je te ferais bien signer un contrat spécifique à ça, qui te permettrait de nombreuses méthodes de paiement, mais ça ne marcherait pas.

Je baissai les yeux, véritablement gênée.

- Eh bien à vrai dire, je ne vois pas ce que je pourrais offrir qui vous intéresserait. Je ne sais pas de quoi vous avez besoin.

— Je te propose la chose suivante. Comme ce n'est pas à proprement parler un contrat de service que je te propose, mais un contrat d'achat de bien manufacturé, je peux te faire... crédit. Tu n'entendras plus jamais parler de moi, sauf si tu reviens ici, si tu regardes la télé, si tu lis un magazine, si tu te balades dans la rue, enfin, des actions de tous les jours, jusqu'au moment où tu auras épuisé tes trois chances.

Je failli lâcher le meuble, surprise.

Je ne pensais vraiment pas m’en sortir aussi bien !

Il était évident que je ferais tout pour éviter d’ouvrir le troisième tiroir et il s’en doutait. C’était donc un véritable acte de générosité qu’il venait de faire.

Il ouvrit les bras et mon regard, toujours agréablement surpris, fit l’aller-retour entre le meuble encombrant mes bras et lui. Je ne pouvais pas faire grand-chose là tout de suite.

— Qu'en dis-tu, petit chpoune ?

Qu’est-ce qu’un chpoune ?

Enfin, ce n’était pas le plus important pour le moment.

Je lui offris un grand sourire et le remerciai chaleureusement.

- C’est vraiment gentil de votre part ! Merci beaucoup !

Elle me sourit.

— C’est vraiment gentil de votre part !

Oh, oui. Oui... Gentil... Oui, très gentil... Je suis connu comme un grand philanthrope... Généreux... Doux... Pratique... Bel homme...

Comme tous ceux nés sous le signe du Quokka.

Eh bien quoi ? Oui, ça existait, le signe du Quokka. Ils l'ont retiré... Y a eu des plaintes...

— Merci beaucoup !
— Maaaaais de rien, de rien. Je suis là pour ça. Mais je vois qu'il est temps de rentrer chez toi, petit chpoune. Il est tard. Il est temps d'aller au lit.

Je lui touche le front du bout du doigt, et la fait tomber dans un sommeil profond. Debout, comme un fier petit canasson.

Il est grand temps, grand grand temps, bref, c'est l'heure, d'ajourner, en l'occurrence assoirer, notre entretien. Aussitôt, les sbires morts-vivants l'entourent. Ils la transportent sur une planche à roulettes, et commencent à la tirer.

— Veillez bien à la déposer dans son appartement, à la mettre dans son lit et à bien la border.