Pause déjeuner [PV Yuki]

Un sandwich au thon et crudités en main Yuki entra dans le parc avec sa collègue. L’endroit était charmant et le temps parfait pour un déjeuner en plein air. Autumn remarqua avec un soupir qu’il n’y avait pas de bancs libres mais qu’une étendue d’herbe au soleil serait bien. Elles s’installèrent donc dans l’herbe, le parc était calme malgré le monde qui y venait, c’était agréable. La sorcière sembla observer avec attention les gens qui les entouraient. Puis elle lui demanda soudainement la raison de sa venue sur Edora. Les yeux bruns dorés étaient un peu arrondis par la surprise mais aussi par le fait qu’elle se posait souvent la même question. Ne sachant trop quoi répondre elle commença.

- Hum… Je dirais d’abord la curiosité de découvrir un lieu nouveau disposant de connaissances nouvelles. En suite probablement qu'au fond je voulais être libre et vivre pour moi… Même si je n’en avais pas réellement conscience.

Cette explication était correcte. Même si elle était bien chez la sorcière tout le monde aspire à vivre pour soi et à connaitre le monde autrement que par les livres. La curiosité l’avait aidé à franchir le pas mais cette aventure ne la rassurait pas du tout au départ. A présent qu’elle se familiarisait avec les lieux ça allait mieux et elle se plaisait même sur Edora. Son appartement était agréable, son travail commençait bien et jusque-là que des points positifs, espérons que ça dure.
Mais la demoiselle se doutait bien que les gens devaient avoir des raisons diverses et variés de venir ici, changer de vie, fuir, trouver quelque chose, suivre quelqu’un etc… Sans compter ceux qui étaient là contre leur grès. La sorcière était souriante et semblait être quelqu’un de jovial, la thériantrope se demandait donc à quelle catégorie elle appartenait.

- Et toi pourquoi tu es venue ici ?

Yuki s’attendait à une réponse du type « pour faire des recherches » car Autumn semblait avide de savoir, mais comme elle semblait sociable l’idée qu’elle soit venue parce qu’elle connaissait quelqu’un ne l’étonnerait pas non plus. La petite tigresse croqua dans son déjeuner en attendant la réponse.

La sorcière répondit de suite comme par réflexe.

- Pour mon étude.

Jusque-là rien de bien surprenant, prévisible même. Puis elle croqua dans son sandwich aussitôt imitée par Yuki. Puis Autumn repris.

- J’étudie la Mort depuis plusieurs années. Cela englobe les statistiques, la médecine légale, la microbiologie, la biochimie, la psychologie, la mythologie, la géographie, l’histoire et tout un tas d’autres domaines. Le souci, c’est que certaines informations sont extrêmement difficiles à obtenir, alors quand j’ai entendu parler d’une guerre qui venait de se terminer ici, je m’y suis rendue pour interroger les gens et recueillir le maximum d’informations. C’est comme ça que j’ai appris l’existence de créatures surnaturelles autres que les sorciers.

Ça au moins c’était surprenant. La mort c’est un sujet d’étude assez original, un peu triste néanmoins. La petite thériantrope était un peu surprise et observa son amie qui était pensive. Avait-elle vécu quelque chose en particulier qui l’aurait poussé à faire ce type de recherches ? Elle sembla sortir de ses rêveries et se tourna vers la demoiselle et ajouta.

- Mais le soucis, c’est que je n’avais pas pensé que les gens seraient encore trop choqués pour parler. Enfin, ce n’est pas très grave, j’ai le temps et il y a tellement de créatures nouvelles ici qu’il faudrait que j’étudie tout ce qui les concerne au cas par cas et ça me prendra sans doute des années.

Yuki regarda le ciel un instant. C’était normal d’être choqué après une guerre, et la mort est toujours difficile à côtoyer. Pourtant ça ne semblait pas être le cas pour la sorcière. C’était étrange… Un voile de nostalgie recouvrit les yeux bruns dorés, elle avait que peu de souvenirs de ses parents mais elle se souvenait qu’à son arrivée à l’orphelinat elle s’était murée dans un mutisme total et refusait de s’alimenter.

- Je t’aiderais bien, mais je n’ai que très peu de souvenirs de la mort de mes parents, j’étais jeune. Et j’ai bien feuilleté un livre traitant de nécromancie mais celle qui m’a élevé n’avait pas recours à ce type de pratiques donc je ne sais pas vraiment si ça peut être utile. Tout au plus je peux t’en donner les références.

Il est vrai que dans la bibliothèque  de Grand-mère il y avait un livre sur la nécromancie, qui avait été offert à la sorcière par une de ses connaissances. Mais la vieille femme n’approuvait pas ce genre de pratiques et disait qu’il valait mieux laisser les morts là où ils sont. De plus elle s’intéressait plus à la botanique et aux diverses utilisations des plantes (bonnes ou mauvaises utilisations) qu’aux sortilèges en tout genre, sort de thériantropie mis à part. Et Yuki avait vite abandonné la lecture du livre perdu dans un coin de bibliothèque car pour une enfant les termes techniques de sorcellerie c’était un peu comme des maths universitaires racontés aux enfants de primaire : du charabia. De plus la mort n’était pas vraiment un sujet qui attirait la tigresse… mais bon si elle pouvait aider sa collègue avec deux ou trois infos et le ferait avec plaisir.

Les parents d’Autumn aussi étaient morts quand elle était petite ? Décidément la vie était mal faite… On ne devrait pas être privé de sa famille si tôt. Mais bon, il faut bien faire avec et surmonter cette épreuve. C’est en tout cas ce que pense Yuki, elle préfère penser aux côtés positifs : ses parents l’avaient aimé, qu’aux côtés négatifs : ils n’étaient plus. Cela n’empêchait pourtant pas la jeune fille d’être nostalgique voir triste de ce passé perdu à jamais. Il y eu un silence respectueux envers ceux qui avaient quitté ce monde que la thériantrope ne brisa pas pour une fois, ce n’était pas un silence pesant comme quand on ne sait pas quoi dire. Ce fût la jeune sorcière qui rompit le silence.

- Ce doit être plutôt rare les traités de nécromancie. J’ai cherché plusieurs livres de sorts ces derniers temps, en dehors de mon domaine d’étude, pour pouvoir travailler mes dons et aider les gens, mais je n’ai rien trouvé. Oh, bien sûr, je connais quelques formules mortelles, mais je ne les ai jamais testées, et j’espère ne jamais les utiliser.

Elle lui offrit un grand sourire rassurant et chaleureux avant de préciser :

- Ce n’est pas parce que j’étudie la mort que je dois forcément vouloir tuer. Je ne fais qu’observer. Je n’interviens pas.

La tigresse haussa un sourcil, ne pas intervenir dans le sens ne pas provoquer ce qu’elle étudiait ou ne pas intervenir dans le sens ou si elle le voit elle n’agira pas ? Dans le premier cas c’est louable, dans le deuxième par contre… Mais Autumn avait l’air de quelqu’un de bien et probablement qu’elle était dans le premier cas. La jeune femme ajouta d’ailleurs vivement.

- Enfin, s’il faut soigner quelqu’un je n’hésiterais pas à l’aider, hein !

Yuki n’en doutait pas une seconde, sorcière ne signifiait pas mauvaise personne, ça elle le savait. De plus elle n’accordait pas sa confiance au premier venu mais sa collègue l’avait vite obtenue, elle dégageait quelque chose de rassurant. Son physique devait y faire.

- Enfin, toujours est-il que ça m’intéresserait. Ce serait une chose en plus à ajouter à mes données.

Yuki lui fit un large sourire.

- Je ne doute pas une seconde que tes recherches ne vont pas jusqu’à provoquer ton sujet d’étude. Je ne pense pas que tu sois ce genre de personnes.

Sortant une feuille de sa poche et un crayon la demoiselle afficha un air sérieux, signe d’une intense réflexion. Se remémorant la bibliothèque de Grand-mère, ses étagères remplies à craquer, les livres poussiéreux, et les trésors qu’ils renfermaient. Au fond un volume épais semblait oublié, sa reliure était en cuir et un titre en relief s’inscrivait en lettres noires sur la couverture. La thériantrope l’écrivit sur la feuille. Un peu plus bas sur la couverture, écrit en plus petit, le nom de l’auteur. Elle l’écrivit aussi. Reprenant finalement une expression normale elle tendis sa feuille à son amie.

- Voilà ! Je ne me souviens pas d’une édition, mais le titre et l’auteur devraient t’aider à le retrouver, je doute que ce soit un exemplaire unique. Il a une reliure de cuir et le titre est écrit en noir et en relief. C’est malheureusement tout ce que je peux te dire dessus. En espérant que ça t’aideras.